" A quelques égards, dit
Renan, la constitution kabyle n'est autre chose qu'un type
conservé jusqu'à nos jours des vieilles sociétés qui
couvraient le monde avant les royautés administratives telles
que l'Égypte et les grands empires conquérants tels que
l'Assyrie, la Perse et Rome. "
Nous savons peu de chose de l'histoire de la Kabylie avant
1830. Les ruines romaines sont rares et doivent sans doute
être attribuées surtout à des indigènes romanisés. Au
quatrième siècle après Jésus-Christ, il avait fallu trois
ans de guerre pour venir à bout de la grande révolte des
Quinquegentiens, ancêtres de nos Kabyles. Après la conquête
arabe, les Zouaoua du massif kabyle avaient soutenu les
Fatimites, puis les Zirides, dynastie de la souche
sanhadjienne à laquelle ils se rattachaient eux-mêmes. Au
seizième siècle, Marmol parle des " Berebères et
Azouagues (Zouaoua), gens belliqueux qui vivent la plupart du
temps sans connaître aucun seigneur ni payer tribut à
personne ". Pendant toute la domination turque, la
Kabylie avait été pratiquement indépendante; les Kabyles,
qui composaient le tiers de la garnison d'Alger, se battaient
pour ou contre les Turcs suivant les occasions, mais les
expéditions turques en Kabylie même n'avaient jamais eu
qu'un médiocre succès; on se souvient encore dans le
Djurjura de la défaite et de la mort du bey Mohammed, auquel
les Aït-Iraten prirent ses canons. Aussi les fiers Kabyles se
croyaient-ils invincibles dans leurs montagnes
" Chaque arbre, disaient-ils, porte son fruit; dans la
plaine, tu trouveras du blé, des troupeaux, des Arabes; dans
la montagne, des Kabyles au cœur brave et à l'œil exercé.
" |