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  L'ALGÉRIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1851-1870)  
     
  
" A quelques égards, dit Renan, la constitution kabyle n'est autre chose qu'un type conservé jusqu'à nos jours des vieilles sociétés qui couvraient le monde avant les royautés administratives telles que l'Égypte et les grands empires conquérants tels que l'Assyrie, la Perse et Rome. "

Nous savons peu de chose de l'histoire de la Kabylie avant 1830. Les ruines romaines sont rares et doivent sans doute être attribuées surtout à des indigènes romanisés. Au quatrième siècle après Jésus-Christ, il avait fallu trois ans de guerre pour venir à bout de la grande révolte des Quinquegentiens, ancêtres de nos Kabyles. Après la conquête arabe, les Zouaoua du massif kabyle avaient soutenu les Fatimites, puis les Zirides, dynastie de la souche sanhadjienne à laquelle ils se rattachaient eux-mêmes. Au seizième siècle, Marmol parle des " Berebères et Azouagues (Zouaoua), gens belliqueux qui vivent la plupart du temps sans connaître aucun seigneur ni payer tribut à personne ". Pendant toute la domination turque, la Kabylie avait été pratiquement indépendante; les Kabyles, qui composaient le tiers de la garnison d'Alger, se battaient pour ou contre les Turcs suivant les occasions, mais les expéditions turques en Kabylie même n'avaient jamais eu qu'un médiocre succès; on se souvient encore dans le Djurjura de la défaite et de la mort du bey Mohammed, auquel les Aït-Iraten prirent ses canons. Aussi les fiers Kabyles se croyaient-ils invincibles dans leurs montagnes
" Chaque arbre, disaient-ils, porte son fruit; dans la plaine, tu trouveras du blé, des troupeaux, des Arabes; dans la montagne, des Kabyles au cœur brave et à l'œil exercé. "

LA CONQUÊTE DE LA KABYLIE

 
La soumission de la Kabylie avait été amorcée par Bugeaud, qui, en 1844, avait réduit les Flissas, c'est-à-dire le massif montagneux compris entre l'Isser et le Sebaou et en 1847 avait soumis la vallée du Sahel. Le massif kabyle se trouvait ainsi enveloppé et surveillé; nous étions en situation d'attendre le meilleur moment pour l'attaquer et le réduire. Randon, dès son arrivée au gouvernement général, avait réclamé une expédition en Kabylie; pour lui, la question de la soumission des Kabyles primait toutes les autres : " Ces peuples, dit-il, conservaient aux portes d'Alger une indépendance toujours fâcheuse pour la tranquillité de notre colonie et qui, si une guerre européenne éclatait, pouvait devenir un très sérieux danger, car, par leurs montagnes dont le pied baigne dans la mer, ils recevraient des agents ennemis de la poudre et des armes et feraient de leur pays le foyer d'une insurrection générale. "
 
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