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  L'ALGÉRIE DE 1870 à 1890  
     
  
Du Bouzet ne tarda pas à entrer en conflit avec Vuillermoz et avec le conseil municipal d'Alger. Le palais du gouvernement fut de nouveau envahi, et on voulut se débarrasser de Du Bouzet comme on l'avait fait d'Esterhazy. Il fut finalement révoqué, s'étant trouvé en désaccord avec Crémieux sur la manière dont les Israélites seraient inscrits sur les listes électorales ; il était en réalité sacrifié à la Commune révolutionnaire d'Alger (8 février 1871). M. Lambert, préfet d'Oran, qui le remplaça, leva l'état de siège établi par son prédécesseur, mais ne tarda pas lui aussi à avoir des difficultés avec le conseil d'Alger. Il fut révoqué à son tour et remplacé par l'amiral de Gueydon (29 mars), avec M. Tassin comme directeur des affaires civiles; le général Lallemand demeura commandant militaire. Il y eut de nouvelles protestations violentes et menaçantes des éléments révolutionnaires, qui prétendirent voir dans la nomination de l'amiral de Gueydon une restauration du régime militaire. Le nouveau gouverneur prit néanmoins possession de son poste le 10 avril. Les agitateurs avaient acheté des sifflets pour son arrivée, mais n'osèrent pas s'en servir. L'amiral fit débarquer 30 matelots de l'escadre avec leurs armes et leurs hamacs, et les installa dans son palais pour se couvrir contre toute surprise analogue à celles dont avaient été victimes plusieurs de ses prédécesseurs. C'était sa seule force, elle suffit à le faire respecter. Une seule fois, une députation se présenta au palais ; l'amiral descendit immédiatement dans la cour intérieure : " Messieurs, me voici, que me voulez-vous? Est-ce l'état de siège? - Non, non, " répondit la députation, et elle se retira sans insister.
La période de troubles qui avait commencé en septembre 1870 prit donc fin en avril 1871 avec l'arrivée de l'amiral de Gueydon. Mais à ce moment, depuis le mois de janvier, l'Algérie était en proie à une très grave insurrection indigène, qui réunissait pour la première fois contre nous les Arabes et les Kabyles, les chefs de l'ancienne aristocratie et ceux des confréries religieuses. Si elle avait éclaté plus tôt, elle nous eût obligés à reconquérir le pays tout entier.
 

II

L'INSURRECTION DE 1871

L'insurrection algérienne de 1871 ne fut ni la révolte de l'opprimé contre l'oppresseur, ni la revendication d'une nationalité inexistante, ni une guerre de religion, ni une guerre de race. Elle fut la conséquence de nos luttes politiques et des malheurs de la patrie, dont l'Algérie comme toujours subit le contre-coup. Il n'est pas bon qu'une population conquise voie l'anarchie dans le camp du vainqueur.
 
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