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On a fait dépendre ce commandement
du Maroc : on peut se demander si c'est bien la meilleure
solution, car cette zone saharienne, que la géographie et
l'histoire rattachent à l'Algérie, est plus à sa portée et
elle est mieux en état d'y intervenir utilement.
L'Algérie réclame depuis plusieurs années avec insistance les
deux mesures indispensables pour faire cesser cet état de
choses : l'occupation du Tafilelt et la construction de la voie
ferrée de Colomb-Béchar au Ziz. Il est déraisonnable d'être
à Bou-Denib et de ne pas être au Tafilelt, où se concentrent
et se ravitaillent tous les pillards, et où les Douï-Menia,
tribu de notre obédience, ont des palmeraies et des parcours.
On hésite devant cette opération comme on a longtemps hésité
à occuper In-Salah, qui jouait le même rôle pour le Sahara
central; pour le Tafilelt comme pour In-Salah, on s'exagère
beaucoup les difficultés. Depuis le mois de mai 1929, les
consignes imposées aux troupes et qui les réduisaient à la
défensive la plus passive ont été quelque peu détendues et
le prolongement de la voie ferrée de Colomb-Béchar vers le
Tafilelt a été enfin décidé.
C'est surtout en matière de politique saharienne qu'une
meilleure coordination des efforts de l'Afrique du Nord s'impose
avec urgence. Il n'y a point de Sahara algérien ni de Sahara
marocain, mais le Sahara tout court. « Le Sahara n'appartient
à personne », disaient avec raison les négociateurs du
traité de 1845. Et la conférence nord-africaine de 1923 disait
de même : « Le Sahara occidental est une vaste région qui
constitue l'hinterland de l'Algérie, du Maroc et de l'Afrique
occidentale française, sa répartition entre les trois colonies
n'existe pas. » Il faut laisser les Compagnies sahariennes des
territoires du Sud faire la police dans les vastes régions qui
s'étendent entre la vallée de la Saoura, le cours du Dra,
l'Atlantique et la Mauritanie et leur créer des points d'appui
dans la zone que traversent les rezzous pour se rendre du Dra au
Soudan. L'intérêt français doit prévaloir sur les
conceptions plus ou moins particularistes. Un avenir prochain
réalisera, dans ces vastes régions, nous n'en doutons pas, la
sécurité par l'unité. |
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