Page précédente Alger et l'Algérie- Charles de GALLAND Retour page Table des matières Chapitre II - Alger. La ville arabe et ses monuments. Les jardins et les environs. Page suivante
     
  

Les Jardins d'Alger


LE JARDIN MARENGO

 

La ville d'Alger, par sa situation exceptionnelle sur la rive méditerranéenne, son allure de grande cité, ses collines verdoyantes où les villas nombreuses témoignent de l'extension de l'agglomération urbaine ; par l'harmonieux contour de son golfe dominé par les contre-forts de l'Atlas ; et, au deuxième plan, par la chaîne imposante du Djurdjura, mérite bien sa réputation, son titre de capitale.

La parure des arbres et des fleurs augmente encore l'attrait qu'Alger exerce sur ses visiteurs. Dans ce domaine, l'œuvre n'est pas encore complètement accomplie. Souhaitons qu'elle le soit bientôt. Il n'y a pas longtemps encore, Alger ne comptait que deux jardins : notre vieux jardin Marengo, à Bab-el-Oued et le square Bresson ou de la République, dans le centre d'Alger.

Le colonel Marengo, que j'ai bien connu dans mon enfance, lorsqu'il était maire de Douéra, dirigea lui-même, avec des équipes de pénitentiers militaires, les premiers travaux d'aménagement de ce jardin auquel il donna son nom. Une légende, qui semble se confondre avec l'histoire, raconte que le colonel était un petit tambour à la bataille de Marengo. Le 14 juin 1807, à la bataille de Friedland, il se signala par un courage tel, que Napoléon lui demanda son nom. Le soldat intimidé hésita d'abord, puis en balbutiant il répondit : "Je m'appelle Capone ". " Après tant de courage, ce nom ne te convient pas... Désormais, tu t'appelleras Marengo ".

C'est dans ce jardin, le premier et le plus ancien, que, jadis, conduits par nos mamans, nous pouvions nous livrer à nos ébats enfantins.

Les premiers arbres plantés en cet endroit ont été les témoins d'un passé déjà lointain : belombras, palmiers, pins, bientôt centenaires, dont quelques-uns avec leurs vieux troncs, leurs branches tombantes, leurs têtes chenues et leur air penché semblent succomber sous le poids des ans et des souvenirs.

Un petit monument, non sans grâce, fut élevé à la mémoire du duc d'Orléans et de la reine Amélie, femme de Louis-Philippe et mère des cinq fils qui prirent une part si active à la conquête de l'Algérie : le due de Nemours. le prince de Joinville, le duc de Montpensier, le duc d'Orléans, le duc d'Aumale ; et, lorsqu'il y a deux ans, le duc et la duchesse de Vendôme furent nos hôtes à Alger, ils s'arrêtèrent longuement devant le petit kiosque qui perpétue dans ce jardin le souvenir d'une mère admirable.

 
  49  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante