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tulipes dans des faisceaux de feuilles piquantes, raides, menaçantes comme des glaives.

Voici les palmiers : l'énorme jubea spectabilis des hautes montagnes du Chili, au tronc de 4 mètres de tour et de 10 mètres de hauteur, le diplothemium campestre du Brésil, les cocos du Brésil, les sabals de la Floride, le civistona d'Australie, le caryota de Ceylan, l'oreodoxa des Antilles, au grand stipe blanc élancé comme une colonne de marbre, le dattier du Sahara et le phénix des Canaries ; notre palmier nain et son proche parent, le traehycarpus ou Chamaerops, etc.

Des lianes prodigieuses montent à l'assaut des bâtiments et des grands arbres ; la liane aurore, les bougainvilliers, dont une espèce à floraison rouge brique presque permanente. Le philodendron, aux larges feuilles bizarrement perforées s'attache aux arbres voisins jusqu'à de grandes hauteurs et reprend contact avec le sol par des racines adventives.

Un bassin est débordant de " cyperus papyrus ", l'antique papyrus du Nil. Dans trois grandes pièces d'eau vivent en une riche floraison, des nénuphars et des lotus.

Devant cette diversité de végétaux, venus là des régions les plus opposées et les plus lointaines, le visiteur attentif, en quelques heures de promenade, se donne facilement l'illusion d'un voyage autour du monde.


A Alger on aime les jardins et les fleurs dont le culte a été propagé par nos amis anglais. Mme E. W. Arthur, dont le parc et les jardins ont été déjà décrits ; le Révérend Arkwright, dans sa résidence du Télemly ; la famille Bell. dans le domaine de Mustapha-Raïs ; à El-Biar, le major Bloomfield ; Madame Bevan ; M. Sneden, d'origine américaine, ont poussé la culture de la fleur et des arbres jusqu'à la virtuosité. N'oublions par le souvenir de Sir Peter Coats et. de M. Machéa. qui surent faire rendre au sol ce qu'il a de plus séduisant.

Les nôtres ne leur sont pas inférieurs ; j'indique rapidement : Le Palais d'Été avec son parc et ses cultures florales ; Henri Gérard, villa Yusuf ; Charles Jourdan, sur le " Mont Riant " si bien nommé ; Pierre Joret, au Bardo ; J. Bertrand, à Mustapha-Supérieur, Frédéric Lung, sur les Crêtes, dans la villa de " l'Aile Verte " sont des bienfaiteurs puisqu'ils défendent encore des espaces fleuris contre les immeubles à six étages. Les collines sacrées ont besoin de protecteurs. La fleur et l'arbre, symboles d'un culte, s'opposeront-ils longtemps encore aux grandes masses de maçonnerie qui sont comme la marque brutale de l'impitoyable utilitarisme ?

Or, dans la commune d'Alger, d'une superficie de 1.310 hectares, dont 400 seulement sont occupés par la voirie, les squares, les places et les maisons, il y a, à souhait, pour les nouvelles constructions, les cités ouvrières et les habitations à bon marché, de vastes espaces où l'industrie du bâtiment pourrait se donner libre carrière, sans nuire aux beautés naturelles et à l'esthétique des paysages.

 
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