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A chaque tournant de route, on
jouit des différences d'aspects, des changements de coloris
suivant les jeux de la lumière et les variétés des décors
et suivant les caprices de la végétation. Les hautes
murailles se dressent avec leurs crêtes cisaillées,
déchiquetées, creusées, délitées. Elles sont tantôt
dénudées, avec leurs ossatures compromises par des fissures
et des érosions, tantôt parées d'une végétation drue et
folle. Surtout, sur la rive droite du côté des Béni-Salah,
les chênes-lièges, les chênes mens, les chênes à glands
doux, tes micocouliers, les oliviers sauvages, les diss, les
lentisques, les plantes grimpantes, les mousses. les lichens
et mille petites plantes qui sont l'ornement de notre flore
sauvage, poussent, se développent, se multiplient et se
confondent en un inextricable fouillis, sur les parois presque
verticales, partout où, grâce aux pluies et aux petits
ruisselets... la terre végétale s'est glissée, s'est
insérée et accumulée, dans les anfractuosités, les
corniches et les entablements. Quelques belles cascades, dont
l'eau s'éploie en gerbes argentées, viennent compléter le
paysage auquel s'ajoute la note alpestre. Au fond, la rivière s'écoule à
travers les sables, les galets roulés et arrondis et les
éboulis de rochers. |
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Le Ruisseau des singes est devenu,
depuis longtemps, une attraction pour les touristes. Le lieu
est plaisant. Un torrent gracieux, avec le bruit de ses eaux
vives, anime le paysage. Les singes, que l'on n'inquiète
plus, y pullulent. Ils trouvent en abondance tout ce qui est
nécessaire à leur alimentation, surtout sur la rive droite
de la Chiffa, du côté des Béni-Salah, où la maraude dans
les vergers leur procure de franches lippées. Ils se sont si
bien habitués au voisinage des hommes qu'ils n'hésitent pas
à prélever une dîme sur les tables de l'hôtel du lieu en
attendant la venue des étrangers. A ce sujet, je pourrais
citer des traits nombreux pour montrer combien ils sont vifs,
intelligents et domesticables. Mais ce serait trop long. Les
singes sont là chez eux. Il ne faut pas les molester. Ils
contribuent à. l'attrait pittoresque du lieu ; sans les
singes, le Ruisseau des singes perdrait sa réputation si
méritée. |
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De certains points des gorges de la
Chiffa, si l'on a l'âme et le tempérament d'un alpiniste, on
peut faire de belles excursions, à partir des gorges, après
avoir traversé le pont de l'oued Merdja, chez les Béni-Salah,
de race kabyle et d'origine berbère, et chez les Béni-Hanès.
Comme chez les Béni-Salah, la végétation est abondante. Les
pêchers, les figuiers, les grenadiers, les jujubiers, les
orangers, les citronniers, les caroubiers, les vignes
grimpantes, avec leurs raisins de teintes rose clair ou jaune
ambré, sont l'objet de soins tout particuliers. |
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En partant de Sidi-Madani, sur la
rive gauche de la Chiffa, on peut faire encore une excursion
recommandée jusqu'au sommet du Mouzaïa (1.604m.) en passant
par Oumfouf. C'est là que, de 1832 à 1842, nos soldats
eurent à lutter âprement contre les solides et belliqueux
montagnards du Mouzaïa. La descente vers Mouzaïa-les-Mines
se fait à travers une vaste forêt. |
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