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l'infirmerie, où je ne trouvai que deux ou trois lits occupés par de jeunes malades qui ne souffraient que de légères indispositions, chose assez étonnante, étant donné le grand nombre d'orphelins réunis sous le même toit.
 
On nous montra une grande vacherie.
 

Il y a onze pères et dix frères convers pour diriger ce grand orphelinat, qui commence à se suffire à lui-même, et, qui deviendra même bientôt une source de profits considérables. Mais le charitable archevêque ne s'est pas contenté de recueillir, de nourrir et de faire élever sa nombreuse famille adoptive ; il a aussi, en bon père, pourvu à leurs besoins pour l'avenir. Ici se présentait une grande difficulté. Comment ferait-on pour établir convenablement les orphelines élevées dans la religion catholique? Les Arabes, en tant que mahométans, ne voudraient à aucun prix les prendre pour femmes, et les Européens ne consentiraient pas davantage à s'unir avec ces pauvres filles, qui ont presque toutes la figure tatouée des signes de leurs tribus respectives. Pour aplanir cet obstacle, Monseigneur a acheté un terrain considérable dans les environs de Miliana, l'a partagé en lots, et se propose d'y faire bâtir des maisons ; puis, quand ses orphelins seront en âge de se marier, il mariera ses garçons à ses filles, leur donnera en dot une de ces petites propriétés que l'un et l'autre auront appris à cultiver, et formera ainsi plus tard, par ce moyen, un noyau de population arabe chrétienne au cœur même de l'Algérie. Je ne puis que faire les vœux les plus sincères pour que ce projet admirable, digne couronnement de cette oeuvre religieuse et philanthropique, 

    

 

   
ait un succès aussi complet que celui qui en a marqué les premières phases.
 
Berceau arabe.
 

Dans un long entretien que j'eus avec le supérieur de ce grand orphelinat, que je visitai dans tous ses détails, le père m'avoua que la seule contrariété qu'il eût eue cette année-là, c'était de manquer de faux mécaniques, parce que, disait-il, la récolte de blé était extraordinairement abondante, et vraiment il ne savait comment s'y prendre pour la rentrer. Et c'est sur un sol qui, quatre ans auparavant, ne produisait que des palmiers nains et de mauvaises herbes!

J'ai déjà parlé du séminaire de l'archevêque à Koubba, où une quarantaine de jeunes Arabes les plus intelligents se préparent au sacerdoce, et feront plus tard, on l'espère, d'excellents missionnaires indigènes.

Il y a un autre grand séminaire attenant à la maison de campagne de Monseigneur, de l'autre côté d'Alger, au-dessus du faubourg Saint-Eugène. Il est entouré d'un grand jardin, d'où l'on jouit d'une vue splendide sur la Méditerranée. L'archevêque et les séminaristes étaient absents lors de ma visite ; mais la bonne vieille femme de charge de Monseigneur me conduisit dans l'intérieur des bâtiments, où je remarquai un beau portrait en pied 

 
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