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La chapelle est pauvre et laide malheureusement, et le logement des sœurs est loin d'être sain ; il n'a qu'un étage, et l'écoulement des eaux de la colline à laquelle il est adossé le rend humide et insalubre : 

Chaque jour des vaisseaux.
 
aussi la supérieure, qui est d'une santé délicate, souffre-t-elle continuellement de la fièvre. Les salles des officiers sont dans un corps de logis séparé, qui servait autrefois au dey d'appartements particuliers. La cour, ombragée de palmiers et d'orangers, est tapissée de plantes grimpantes.

Outre les nombreuses maisons des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, il y a encore les Petites Sœurs des pauvres, établies entre Alger et Bou-Zarea, dans une belle maison mauresque, au milieu d'un site charmant, où elles soignent près de trois cents vieillards des deux sexes ; les dames du Sacré-Coeur, qui ont un grand pensionnat de jeunes demoiselles au pied de Mustapha-Supérieur, et les sœurs de Bon-Secours, qui ont une habitation délicieuse dans la ville, derrière la nouvelle université. La supérieure arrivait des ambulances françaises, où elle avait soigné, entre autres personnes, le maréchal de Mac-Mahon. Elle avait bien failli être fusillée par les Prussiens, et nous raconta ses aventures d'une manière très amusante.

Elle allait rentrer à Metz, lorsque les Prussiens s'aperçurent de 

    

 

   
l'évasion d'un officier français, prisonnier sur parole, et ils voulaient à tout prix que cette pauvre sœur fût ce même officier déguisé. Ce fut en vain qu'elle protesta : elle fut condamnée à être fusillée le lendemain matin, à six heures. Enfin, un jeune officier prussien eut pitié d'elle, et lui demanda s'il n'y avait personne dans la ville qui pût répondre de son identité. Elle se souvint heureusement d'une amie, dont elle donna l'adresse ; et on la conduisit sur-le-champ chez cette dame, avec une escorte de vingt soldats, qui se tenaient à la portière de la voiture. " On ne m'a jamais fait tant d'honneur, " disait-elle en riant. Son amie, qui, fort heureusement, était chez elle ; la reconnut à l'instant : ce qui lui valut d'être mise en liberté immédiatement. Les Prussiens lui firent des excuses, et la bonne sœur en fut quitte pour la peur.

N'oublions pas de citer aussi les écoles des sœurs de la Doctrine chrétienne, dont la maison mère est à Mustapha-Supérieur, au milieu d'un site ravissant et de jardins magnifiques, et les sœurs du Bon-Pasteur, qui ont un établissement à El-Biar, village au nord d'Alger.

Une autre fondation religieuse qui a puissamment contribué à la prospérité de l'Algérie, c'est le monastère de la Trappe à Staouëli. Dans son intéressant petit ouvrage sur l'Algérie intitulé : Un Hiver parmi les hirondelles, miss Edwards a consacré tout un chapitre à la visite qu'elle fit à cet établissement, et, bien que protestante, elle en parle avec une admiration et un intérêt dont il est digne à tous égards.

Lorsqu'on quitte Alger par la rue Bab-el-Oued en passant près du grand hôpital militaire, on arrive au plus ancien cimetière chrétien du pays, auquel se rattache un fait intéressant. Ce terrain, entouré d'une haie d'aloès, fut acheté au seizième siècle par un religieux capucin (confesseur de don Juan1 d'Autriche) avec le prix de sa rançon. Ce bon père stipula qu'il resterait en esclavage de son plein gré, et qu'il souffrirait les avanies et les mauvais traitements qu'on infligeait alors aux captifs, à la condition expresse que ses

 
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