et sauta sur un vaisseau qui
venait de lever l'ancre et partait pour Oran. Le jeune Maure
avait pour suivi la levrette sur le pont, et l'avait reconnue
comme l'animal favori du saint : il se cacha donc en toute
hâte parmi les marchandises, et arriva sain et sauf dans sa
patrie. La levrette retourna chez son maître auprès de ses
petits ; et l'heureuse mère raconta, en pleurant de joie,
comment son fils lui avait été rendu, grâce aux prières du
saint et à l'intelligence de la chienne.
Quant à moi, qui suis fermement convaincue que le chien a
quelque chose de plus que de l'instinct, après avoir fait la
part de l'exagération d'un récit oriental, cette histoire ne
me parait pas aussi invraisemblable qu'elle en a l'air.
Il y a une jolie excursion à faire d'Oran au fort de
" Santa-Cruz ", situé sur le point culminant d'une
montagne, d'où il domine la ville, les environs et le rivage,
de sorte que, par un temps serein, l'on distingue parfaitement
Carthagène et les côtes d'Espagne. Ce magnifique panorama
nous dédommagea amplement des fatigues de l'ascension. En
descendant, nous nous arrêtâmes auprès d'une petite
chapelle construite en 1849 pour accomplir un vœu de
reconnaissance envers Dieu de la cessation du choléra. Depuis
cette époque, elle n'a cessé d'être un lieu de pèlerinage
très fréquenté.
Le lendemain nous fîmes une partie champêtre à Mers-el-Kébir,
ancienne forteresse construite par les Maures pendant leur
occupation de l'Espagne, et qui leur servait alors d'entrepôt
de commerce avec l'Europe. Cette forteresse était devenue un
véritable nid de corsaires : les Français s'en sont
emparés, et l'ont transformée en prison militaire.
Après avoir traversé un tunnel, dont la voûte était
tapissée de coquillages bivalves fossiles, nous suivîmes une
route récemment construite par les ingénieurs français tout
autour du golfe, et nous
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