avant de les lâcher sur leurs
victimes. Aujourd'hui, des haricots poussent au milieu de
l'arène, et il est évident que nul n'a souci de conserver
ces vénérables débris. Avec les actes de ces martyrs
présents à la mémoire, il ne me fut pas difficile
d'imaginer et de réaliser cette scène de foi et
d'héroïsme.
Un peu plus loin, on remarque un tombeau pareil à celui
que nous avions vu la veille, mais plus petit, et que l'on
croit avoir été construit par Juba pour y ensevelir ses
esclaves et ses affranchis. Nous vîmes aussi le théâtre
antique où saint Arcadius fut coupé en morceaux pour avoir
confessé la foi de Jésus-Christ, ainsi que les excavations
récentes pratiquées dans le port, qui ont mis à découvert
des antiquités, des vases romains, et entre autres
curiosités un vaisseau submergé chargé de poterie. La ville
moderne n'offre pas le moindre intérêt : toujours des
casernes, et surtout les cafés et les billards, qui
paraissent nécessaires à l'existence des Français en
Algérie. Aussi, après avoir vu tout ce qui en vaut la peine
dans l'antique Cherchell, nous repartîmes par la route qui
conduit à la gare d'El-Affroum, et de là par Blidah à
Alger. Ce fut un voyage assez triste : car, en voyant dès la
chute du jour les vapeurs pestilentielles qui s'élevaient de
la grande plaine que nous traversions, nous songions avec
douleur à tous les malheureux qui remplissaient l'hôpital
des bonnes sœurs à Marengo.
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