Quand on quitte la Maison-Carrée,
on passe par une région admirablement cultivée, appartenant
à une colonie de Mahonnais des îles Baléares, qui ont la
réputation d'être les meilleurs maraîchers de l'Europe.
Leur village, construit auprès d'une source célèbre, porte
le nom de " Fort-de-l'Eau ". Après avoir traversé
des vignes et des vergers, nous arrivâmes auprès d'un
immense caravansérail, autour duquel se tenait un grand
marché indigène. Il fallait voir des centaines d'Arabes se
pressant, criant à tue-tête et gesticulant d'une manière
digne de " ce peuple criard ", comme les appelle
Lamartine, tandis que de longues files d'ânes et de chameaux
marchaient gravement à côté de notre voiture ou tondaient
l'herbe dans les prés voisins.
Le pays présenta bientôt un aspect
plus agreste. Au col de Beni-Aïcha, on trouve un misérable
petit relais de poste. Tandis qu'on donnait à manger à nos
chevaux, nous nous finies servir à déjeuner sous une
tonnelle du jardin. Tout en s'occupant de nous, notre hôtesse
se lamentait beaucoup de ce qu'il n'y avait dans ce village ni
église ni école pour ses enfants, et de ce qu'elle
vivait |