Pages précédentes ALGÉRIE CONTEMPORAINE   CHERCHELL ET TIZI-OUZOU Pages suivantes
  Retour page Table des matières
   
  
pour chaque détenu. Il jouit en outre du droit de louer les prisonniers à des fermiers et d'en employer lui-même un certain nombre, à condition toutefois qu'il donnera à chaque individu ainsi loué ou employé la somme de vingt centimes par jour. Lorsque je visitai la Maison-Carrée, il y avait cinq cents hommes qui travaillaient au dehors, sous la surveillance d'un gardien pour chaque escouade de vingt détenus, ainsi que de celle de la force armée. "
 
Une colonie de Mahonnais des îles Baléares.
 

Quand on quitte la Maison-Carrée, on passe par une région admirablement cultivée, appartenant à une colonie de Mahonnais des îles Baléares, qui ont la réputation d'être les meilleurs maraîchers de l'Europe. Leur village, construit auprès d'une source célèbre, porte le nom de " Fort-de-l'Eau ". Après avoir traversé des vignes et des vergers, nous arrivâmes auprès d'un immense caravansérail, autour duquel se tenait un grand marché indigène. Il fallait voir des centaines d'Arabes se pressant, criant à tue-tête et gesticulant d'une manière digne de " ce peuple criard ", comme les appelle Lamartine, tandis que de longues files d'ânes et de chameaux marchaient gravement à côté de notre voiture ou tondaient l'herbe dans les prés voisins.

Le pays présenta bientôt un aspect plus agreste. Au col de Beni-Aïcha, on trouve un misérable petit relais de poste. Tandis qu'on donnait à manger à nos chevaux, nous nous finies servir à déjeuner sous une tonnelle du jardin. Tout en s'occupant de nous, notre hôtesse se lamentait beaucoup de ce qu'il n'y avait dans ce village ni église ni école pour ses enfants, et de ce qu'elle vivait 

    

 

   
dans des transes perpétuelles, d'un soulèvement des Kabyles. J'ai songé plus d'une fois à ces braves gens et au sort qui leur fut probablement réservé lors de l'insurrection qui éclata, en effet, un ou deux mois plus tard.
 
Puits arabe.
 
A partir de Beni-Aïcha, on entre dans la Kabylie par une pente assez douce, jusqu'à ce qu'on arrive au sommet du col, d'où l'on jouit d'un coup d'œil admirable sur la chaîne des montagnes de la Djurjura, dont les pics déchirés et neigeux étincelaient au soleil. Descendant dans la plaine, où de nombreuses troupes de cigognes étaient occupées à chercher leur pâture, nous traversâmes l'Isser, belle et large rivière formée par la jonction de deux cours d'eau, et nous arrivâmes au sein d'une population complètement différente, par ses mœurs et son physique, des autres habitants de l'Algérie. Au lieu de l'Arabe enveloppé dans son burnous, assis à la porte d'un café ou à l'entrée de sa tente presque toujours oisif, nous nous trouvâmes en présence d'une race laborieuse, patiente et 
 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes