Nous passâmes ensuite par le
village de Taourga, habité presque entièrement par les
Koulouglis, race mêlée, qui s'adonne surtout à l'industrie
du cuir et à l'ornementation des articles de sellerie : on
nous montra de jolis échantillons de leur travail.
Tizi-Ouzou, où nous arrivâmes bientôt après, est une jolie
petite ville, dont la forteresse turque, construite avec des
ruines romaines, constitue aujourd'hui une des places fortes
des Français. Lors de la dernière insurrection kabyle, ce
lieu fut le théâtre d'un combat décisif.
Pendant qu'on changeait nos chevaux,
nous allâmes visiter la jolie petite église qui domine la
ville, et où ce jour-là on avait l'exposition du très saint
Sacrement. A partir de ce moment commença la plus belle
partie de notre voyage. Après avoir traversé deux fois l'Oued-Seybouse
(rivière des Lions), nous commençâmes la longue et pénible
ascension du fort Napoléon. La route serpente dans une gorge
richement boisée, au fond de laquelle un torrent roule ses
eaux écumantes, et, que dominent les cimes neigeuses de la
Djurjura, dont les formes sont aussi belles et aussi variées
que celles des Alpes à San-Moritz. A l'est, s'étend la
fertile vallée de la Seybouse, qui divise la Kabylie en deux
parties ; au loin, de Dellys à Bougie, on a une longue
étendue de côte et la mer pour horizon ; à l'ouest
s'élèvent les pics déchirés de la |