Dans l'après-midi, nous fîmes
demander des chevaux au commandant de place, et nous partîmes
pour le col de Tivordat, magnifique excursion dont j'emprunte
encore la description au correspondant du Daily-News.
" La route se dirige vers le
nord, et, après avoir traversé la vallée, serpente tout le
temps dans les montagnes, tantôt ouverte des deux côtés,
tantôt taillée dans les rochers qui s'élèvent au-dessus de
vos têtes ; quelquefois aussi elle côtoie le bord d'un
précipice, au fond duquel coule un petit ruisseau. A cet
endroit, les cavaliers sont obligés d'aller à la file comme
les Indiens : car, si un cheval se permettait quelques
écarts, il roulerait probablement dans le gouffre avec celui
qui le monte. Ce cas est heureusement fort rare : le cheval
arabe a le pied aussi sûr que le mulet ; il va partout et
gravit les sentiers les plus difficiles. De temps à autre, la
route ressemblait à un escalier en pierre, si raide, qu'un
homme aurait, été obligé de s'aider de ses pieds et de ses
mains pour y monter ; et cependant nos chevaux s'en
acquittaient avec une facilité merveilleuse et sans qu'on
eût besoin de les encourager : on n'avait qu'à se tenir à
la crinière de sa monture, lui lâcher la bride, et
l'intelligent animal choisissait lui-même avec une adresse
étonnante où poser le pied. Malgré la stérilité apparente
du sol, nous ne fûmes pas sans apercevoir des champs d'orge,
des oliviers et des figuiers, ressources principales des
Kabyles : des vignes sauvages étendaient leurs rameaux
touffus partout où elles trouvaient un point d'appui. Nous
traversâmes plusieurs villages, et nous en entrevîmes un
plus grand nombre encore, toujours perchés sur le sommet des
collines. "
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