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Dans l'après-midi, nous fîmes demander des chevaux au commandant de place, et nous partîmes pour le col de Tivordat, magnifique excursion dont j'emprunte encore la description au correspondant du Daily-News.

" La route se dirige vers le nord, et, après avoir traversé la vallée, serpente tout le temps dans les montagnes, tantôt ouverte des deux côtés, tantôt taillée dans les rochers qui s'élèvent au-dessus de vos têtes ; quelquefois aussi elle côtoie le bord d'un précipice, au fond duquel coule un petit ruisseau. A cet endroit, les cavaliers sont obligés d'aller à la file comme les Indiens : car, si un cheval se permettait quelques écarts, il roulerait probablement dans le gouffre avec celui qui le monte. Ce cas est heureusement fort rare : le cheval arabe a le pied aussi sûr que le mulet ; il va partout et gravit les sentiers les plus difficiles. De temps à autre, la route ressemblait à un escalier en pierre, si raide, qu'un homme aurait, été obligé de s'aider de ses pieds et de ses mains pour y monter ; et cependant nos chevaux s'en acquittaient avec une facilité merveilleuse et sans qu'on eût besoin de les encourager : on n'avait qu'à se tenir à la crinière de sa monture, lui lâcher la bride, et l'intelligent animal choisissait lui-même avec une adresse étonnante où poser le pied. Malgré la stérilité apparente du sol, nous ne fûmes pas sans apercevoir des champs d'orge, des oliviers et des figuiers, ressources principales des Kabyles : des vignes sauvages étendaient leurs rameaux touffus partout où elles trouvaient un point d'appui. Nous traversâmes plusieurs villages, et nous en entrevîmes un plus grand nombre encore, toujours perchés sur le sommet des collines. "

 
 

A notre retour, nous nous arrêtâmes au village de Sharetan. Comme j'étais en train de dessiner le paysage, le chef s'approcha de moi pour me prier de venir lui rendre visite. 

    

 

   

Son habitation était sombre et affreusement malpropre ; pour tout ameublement, il y avait dans un coin de la cabane de ces énormes vases pour contenir l'eau et le blé. Partout où nous entrâmes, nous trouvâmes les femmes occupées à tisser l'étoffe blanche dont on fait les burnous, et cela sur des métiers si grossiers, que je me demandais avec étonnement comment ce tissu si fin et si propre pouvait sortir de ces appareils informes.

 
Femmes kabyles.
 
Ces femmes, et surtout les enfants, me frappèrent par leur beauté remarquable, leurs grands yeux noirs rêveurs, leurs figures 
 
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