Pages précédentes ALGÉRIE CONTEMPORAINE   CHERCHELL ET TIZI-OUZOU Pages suivantes
  Retour page Table des matières
   
  
kabyle pour nous distraire. Nous l'avions pris pour un enfant ; mais il nous apprit d'un ton sérieux qu'il était propriétaire d'un des mulets de la cavalcade, qu'il était bel et bien marié, et qu'il avait quinze ans ; et là-dessus il se mit à nous faire le récit des concerts, festins, etc., qui avaient eu lieu à l'occasion de son mariage. Ce jeune homme avait été instruit dans une école récemment fondée par le gouvernement français au fort Napoléon, et dans laquelle on enseigne toutes sortes de métiers. Le colonel Hersen rend témoignage à l'intelligence et aux moyens des enfants kabyles. Il est fort regrettable, me disait-il, que l'école ne puisse admettre que deux cents élèves, car il y avait plus de quatre cents demandes d'admission.
 
 

Le lendemain, il fallut prendre congé de nos bons amis le colonel et son épouse ; et, après un trajet de treize heures, nous rentrions à Alger, ravies au plus haut degré de notre excursion. Mais, avant d'en finir avec la Kabylie et ses habitants, je vais donner un extrait tiré d'un manuscrit inédit de M. le comte Ernest de Stackelberg : ce travail, fait en 1847, contient des détails très précis et très complets sur ce peuple étrange.

" Les Berbères ou Kabyles sont le résultat d'un mélange des aborigènes (qui étaient des émigrés d'origine chananéenne) avec le peuple qui leur succéda dans la domination de l'Algérie, et principalement des Vandales, qui eurent la prépondérance de 438 à 534. Lors de la grande invasion des Arabes, les Berbères se retirèrent au sein de leurs montagnes, et, bien que musulmans de nom, réussirent à conserver leur indépendance. C'est surtout à cette cause qu'il faut attribuer la haine qui a toujours existé entre eux et les Arabes. Jamais ils ne se soumirent aux Turcs, qu'ils 

    

 

   
contraignirent même à leur payer un tribut, lorsque ceux-ci traversaient leur territoire pour aller rançonner les Arabes. Il paraîtrait cependant qu'ils ont dû plier plus ou moins sous le joug romain, puisqu'on retrouve dans leurs vallées les plus retirées et les plus inaccessibles des ruines qui attestent la présence de ce peuple puissant et célèbre.
 
 
 
" Les Kabyles sont laborieux, bons agriculteurs, excellents tisserands ; ils fabriquent surtout de la toile et des étoffes de laine ; ils mènent une vie sédentaire ; leurs villages ont un air d'aisance ; leurs habitations sont recouvertes de toitures et badigeonnées ; quand ils manquent le travail chez eux, ils vont en chercher dans les villes, car leur soif de l'or est égale à celle des Arabes ; mais leur haine des étrangers les rappelle bientôt dans leurs montagnes. Leur langue est tout à fait différente de celle des Arabes. Ils ne reconnaissent pas d'aristocratie parmi eux ; leur forme de gouvernement est démocratique : les chefs mêmes des tribus ont peu d'influence ; d'autre part, celle des marabouts est toute-puissante.
 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes