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VI

 

CONSTANTINE

 
 
on horreur de la mer m'avait fait espérer que je ne m'embarquerais plus sur l'élément perfide, sauf pour revenir en Europe : je me proposais donc de me rendre à Constantine soit par les montagnes au delà du fort Napoléon, soit par Aumale et en prenant la diligence à Sétif.
 

Mais l'insurrection couvait déjà ; plusieurs escarmouches avaient eu lieu à Sétif et dans les environs ; notre excellent ami, l'amiral du Port, avait reçu des nouvelles si peu rassurantes de l'état du pays et des dangers que couraient les voyageurs sur ces routes peu fréquentées, que je n'osai pas exposer Mary au risque de tomber entre les mains des Kabyles. Je retins donc des places (bien à contre-coeur) sur le Hermès, dont le capitaine, officier très distingué, était grand ami de l'amiral Fabre la Maurelle. Je n'appris que trop tard, hélas! que ce bâtiment était surnommé le Grand-Rouleur parmi les steamers de cabotage des Messageries impériales, et il méritait bien cette dénomination, car il canardait même par un calme plat.

Pas plus tôt embarquée, je retrouvai ma mauvaise chance. L'amiral nous avait aimablement conduites dans sa belle chaloupe, et le télégraphe de l'amirauté avait donné depuis longtemps le signal du départ, que nous étions encore ballottés dans la rade. Enfin le capitaine vint m'avertir que, vu le mauvais temps, il lui serait impossible de sortir du port ce jour-là : il nous conseillait donc de retourner sur la terre ferme ; ce que nous fîmes d'assez mauvaise grâce, et ce fut pour trouver notre charmant appartement déjà pris par une famille nouvellement arrivée.

 
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