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Il nous recommanda de ne pas manquer d'aller voir cette institution, à laquelle naturellement il partait un grand intérêt. Une des ressources principales de cet orphelinat consiste dans la récolte de " l'alfa1 " plante textile qui sert à fabriquer du papier, des nattes, des paillassons et d'autres objets que l'on ex porte d'Oran.
 
La famine.
A notre retour, nous achetâmes dans le premier bazar de cette ville une grande natte de cet " alfa ", quelques jolis vases mauresques et un vieux châle cramoisi d'une nuance ravissante, semblable à ceux dont se couvrent les femmes juives dans ce pays.
 

1. L'alfa fut employé d'abord en Angleterre, en 1867, par les propriétaires d'un journal, pour la fabrication du papier. Il est nécessaire d'y mélanger de la pâte de chiffons en petite quantité : sans cela le papier d'alfa serait trop cassant. Cette graminée parait avoir été connue des anciens : Pline et Strabon en parlent dans leurs écrits. De leur temps, on s'en servait déjà pour faire des nattes, des corbeilles, etc. (Voir l'article Alfa dans le Magasin pittoresque, année 1866.) (Note du traducteur.)

    

 

   
A l'hôtel de France, on nous installa dans deux drôles de petites chambres, qui n'étaient accessibles que par un escalier extérieur. Elles étaient occupées par un officier français, que le propriétaire de l'hôtel déposséda sans cérémonie, en notre faveur : aussi, au bout de quelques minutes, l'ordonnance vint très humblement me réclamer " le sabre et les bottes de Mr. le capitaine", qui se trouvaient, à mon insu, être en ma possession.

Le consul d'Oran nous avait donné des lettres de recommandation pour les notabilités de Tlemcen. Après avoir secoué la poussière du voyage, nous louâmes une petite voiture pour visiter les environs, et, en premier lieu, la villa de M. Guès, située dans un bois d'orangers semblables à ceux de Sidon, en Syrie. Malheureusement, M. Guès souffrait d'une attaque de goutte, qui l'empêcha de nous faire les honneurs de sa propriété ; il nous envoya son domestique pour nous servir de guide et d'interprète, et troussa la courtoisie jusqu'à se traîner dans son jardin, pour nous cueillir lui-même un bouquet magnifique de roses et de violettes de Parme; il regrettait beaucoup que la saison ne fût pas plus avancée, pour pouvoir nous offrir des fleurs rares qui font l'ornement de sa belle propriété.

Notre guide arabe, s'étant placé auprès du cocher, lui indiqua le village d'El-Eubbad ou Sidi-bou-Meddin, dont le gracieux minaret avait attiré nos regards. Pour y arriver, nous traversâmes le cimetière arabe et une rangée de bosquets d'oliviers, qui me rappelaient tout à fait ceux de Menton. Nous descendîmes de voiture et nous gravîmes une rue déserte et escarpée, bordée de gourbis, qui nous conduisit devant une porte en bois ornée d'arabesques, par laquelle nous entrâmes sous un portique carré, pavé " d'azulejos ", qui donnait accès à droite dans la mosquée, et à gauche au tombeau du saint Sidi-bou-Meddin. On descend par quelques marches dans une cour extérieure (dans le genre de celles qu'on appelle " patio " en Espagne), entourée d'arcades reposant sur des colonnes d'onyx et d'albâtre oriental.

 
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