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montagnes par une série de zigzags et de courbes effrayantes (on dirait une route carrossable tracée dans quelque gorge alpestre), jusqu'à ce qu'on arrive à la limite des neiges ; puis on redescend par une pente très douce dans la vallée, et l'on aperçoit un riant village caché dans des vergers et des bosquets de palmiers, lequel est une station thermale très en vogue parmi les habitants de Constantine. On raconte qu'il n'est pas rare de rencontrer des lions dans cette partie du pays ; mais il ne nous fut pas donné d'en apercevoir un seul.

Je n'ai jamais vu aucune ville dont le site soit aussi grandiose que celui de Constantine, et mon admiration ne faisait que croître de jour en jour : elle est bâtie sur un plateau élevé en forme de presqu'île, baignée de trois côtés par les eaux tumultueuses du Rummel, qui coule à 1000 pieds de profondeur et se déverse au midi par une série de cascades. Il n'y a qu'un seul endroit par où la ville soit accessible : la nature a jeté un pont sur l'abîme, hérissé de roches aiguës, à une hauteur qui vous donne le vertige. On traverse la rivière sur un pont appelé El-Kantra, qui relie la presqu'île à la terre ferme. Il parait vraiment incroyable que les Français aient pu s'emparer d'une place que l'art et la nature avaient rendue inexpugnable1.

 
 
 

1. On trouvera des détails fort intéressants sur la prise de Constantine dans le Journal d'un sous-officier du génie, publié par le Magasin pittoresque, t. VI. Les Kabyles des environs de Bougie, dit-il, appelés à la guerre sainte, volèrent au secours de la ville assiégée, et les habitants de Constantine déployèrent un courage d'autant plus opiniâtre, qu'ils considéraient leur cité comme imprenable. Les vieillards, les femmes, les enfants, furent tous obligés de concourir à la défense de la place. 

    

 

   
 
Prise de Constantine par Lamoricière.
 

Les assiégeants eurent en outre à lutter contre les éléments, qui semblaient s'être déchaînés contre eux ils essuyèrent des tempêtes effroyables ainsi que des pluies diluviennes, et trouvèrent dans les tranchées a les boues de la Pologne et les frimas de la Russie". Enfin, le 13 octobre 1837, la première colonne d'assaut, commandée par Lamoricière, pénétrait par la brèche dans la ville et l'enlevait sans difficulté, aux cris de " Vive la France! " Il nous est doux de contempler dans le héros de cette journée celui qui devait mettre plus tard sa vaillante épée au service de la plus noble des causes, celle de l'Église trahie et persécutée, et de saluer en lui le glorieux vaincu de Castelfidardo, l'héroïque défenseur d'Ancône, le vaillant soldat du Christ et l'une des gloires militaires les plus pures de la France. (Note du traducteur.)

 
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