Pages précédentes ALGÉRIE CONTEMPORAINE   BATNA, LAMBESSA ET AUTRES VILLES DE LA PROVINCE DE CONSTANTINE Pages suivantes
  Retour page Table des matières  
   
  

J'appris plus tard que la supérieure, sœur Célestine Angelvy, était très liée avec la supérieure de nos sœurs de charité à Londres. 

 
Village envahi par les sables du désert.
 
On me fit l'accueil le plus bienveillant dans le petit couvent : on me servit du chocolat délicieux, qui me réconforta après mon long voyage ; puis je visitai les classes, vastes et bien aérées, où se trouvaient réunies deux cents petites filles. Les chaleurs sont si fortes en été, que les sœurs sont obligées de fermer l'école pendant trois mois : on ne peut sortir à cette époque que le soir ou de très grand matin. Les religieuses souffrent bien plus que les autres Européens, parce qu'elles ne veulent pas se conformer à l'usage universel de coucher sur les toits : ce qui leur serait 
    

 

   
d'autant plus difficile, que leur couvent est dominé par les grandes casernes environnantes. Elles m'avouèrent que dormir à l'intérieur est un véritable purgatoire, et que leurs lits leur faisaient l'effet, de fournaises ardentes.

Après l'office, nous allâmes, Mary et moi, nous promener dans les bois de palmiers, qui sont, magnifiques ; mais je désespère de pouvoir rendre par ma faible plume la beauté du coloris, la forme gracieuse de ces arbres chargés de leurs fruits dorés, les effets de lumière et d'ombre produits par leurs branches se balançant mollement au-dessus du terrain fertile et bien arrosé qui s'étend à leur pied.

Il y a environ 180000 palmiers dans l'oasis du Ziban ce qui fait cent arbres par arpent. Chaque palmier-dattier rapporte en moyenne vingt-cinq francs par an à son propriétaire. Les arbres commencent à donner dès l'âge de huit ou dix ans, et continuent de produire jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ou cent ans. L'impôt prélevé par le gouvernement français est de soixante centimes par an sur chaque dattier. Le fruit se forme en mars et arrive à maturité au bout de sept mois, c'est-à-dire en octobre : car les propriétés saccharines de ce fruit ne se développent complètement que sous l'action d'un soleil ardent. Les meilleures dattes sont celles de Souk, oasis située plus avant dans le Sahara : elles ne se dessèchent pas si vite que les autres. Autour de chaque palmier on creuse un fossé qui contient six pieds cubes d'eau et qui doit être toujours rempli. Un arbre exige donc plus de 300 pieds cubes d'eau pendant les sept mois qu'il faut à ses fruits pour arriver à leur complète maturité. Ce système d'irrigation fonctionne avec la plus grande régularité. On ouvre des canaux à des intervalles convenables pour conduire l'eau de la rivière à chaque bosquet de palmiers, et l'on veille à ce qu'ils ne soient jamais à sec. Les fibres et l'enveloppe des fleurs du dattier, qui ressemblent au fourreau d'une épée, servent à faire de bonnes cordes ; mélangées avec du mortier, elles forment du torchis pour les maisons indigènes. 

 
Pages précédentes   Retour page Table des matières   Pages suivantes