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chaleur croissante nous avertit qu'il était temps de rentrer au logis.
 
 
Je m'arrêtai au Jardin d'essai pour faire un croquis de la ville ; mais je fus bientôt houspillée par une foule de femmes et d'enfants, de sorte que je dus y renoncer. Il me fallut leur montrer tout ce que je portais, tous mes matériaux de dessins. Un ravissant petit garçon aux yeux noirs superbes, s'étant emparé de ma boîte à couleurs, s'en barbouilla des pieds à la tête. Voyant qu'il n'y avait pas moyen de continuer mon travail, je me mis à jouer avec lui. Autour de moi paissaient des chameaux avec leurs petits. Malgré tout ce qu'on m'avait dit de leur perfidie et de leur méchanceté, en voyant leurs grands yeux doux et mélancoliques, je persistai à croire qu'ils avaient été calomniés par leurs ennemis.

Dans l'après-midi, le caïd nous envoya son propre équipage, attelé de deux chevaux fringants conduits par un cocher nègre à moitié fou ; et nous partîmes au grand galop pour les sources chaudes sulfureuses, situées à dix kilomètres de Biskra, au milieu de rochers stériles : il ne pousse en ce lieu aucune végétation, sauf la rose de Jéricho et quelques plantes semblables, qui croissent parmi les couches de sel déposées de tous les côtés. L'établissement est un bâtiment carré, au centre duquel jaillit la source chaude. Dans le rocher on voit deux ou trois baignoires des plus primitives, creusées dans ses flancs, et qui reçoivent l'eau par des tuyaux ouverts ; on la laisse refroidir pendant vingt-quatre heures avant d'en faire usage. Les propriétés de ces bains sont les mêmes que celles de Hammam-Meskhroutin, dont je parlerai plus 

    

 

   
loin ; mais je ne pus obtenir aucun renseignement médical sur la source de Biskra : tout ce que je pus apprendre des habitants, fut qu'elle était souveraine pour la guérison des rhumatismes chroniques et articulaires. M. Médan me raconta que pendant deux on trois ans il avait été comme paralysé par des rhumatismes, et qu'une saison de ces bains l'avait complètement guéri. Comme j'avais une jambe engourdie par suite d'une fièvre rhumatismale que j'avais eue l'hiver précédent, je voulus faire l'essai de ces eaux, et je me trouvai considérablement soulagée après un seul bain. 
Biskra.
Malheureusement, il n'y a encore rien d'organisé pour les malades ; il n'y a pas même moyen de se procurer une serviette ! On ne pourrait s'y installer pour faire une cure qu'en apportant tout ce qu'il faut de Biskra ; ce qui, du reste, serait très facile. J'ai grande confiance non seulement dans l'efficacité de la source thermale, mais encore dans les effets salutaires de ce climat chaud et sec, pour guérir ces sortes de maladies.
 
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