Je m'arrêtai au Jardin d'essai
pour faire un croquis de la ville ; mais je fus bientôt
houspillée par une foule de femmes et d'enfants, de sorte que
je dus y renoncer. Il me fallut leur montrer tout ce que je
portais, tous mes matériaux de dessins. Un ravissant petit
garçon aux yeux noirs superbes, s'étant emparé de ma boîte
à couleurs, s'en barbouilla des pieds à la tête. Voyant
qu'il n'y avait pas moyen de continuer mon travail, je me mis
à jouer avec lui. Autour de moi paissaient des chameaux avec
leurs petits. Malgré tout ce qu'on m'avait dit de leur
perfidie et de leur méchanceté, en voyant leurs grands yeux
doux et mélancoliques, je persistai à croire qu'ils avaient
été calomniés par leurs ennemis.
Dans l'après-midi, le caïd nous envoya son propre
équipage, attelé de deux chevaux fringants conduits par un
cocher nègre à moitié fou ; et nous partîmes au grand
galop pour les sources chaudes sulfureuses, situées à dix
kilomètres de Biskra, au milieu de rochers stériles : il ne
pousse en ce lieu aucune végétation, sauf la rose de
Jéricho et quelques plantes semblables, qui croissent parmi
les couches de sel déposées de tous les côtés.
L'établissement est un bâtiment carré, au centre duquel
jaillit la source chaude. Dans le rocher on voit deux ou trois
baignoires des plus primitives, creusées dans ses flancs, et
qui reçoivent l'eau par des tuyaux ouverts ; on la laisse
refroidir pendant vingt-quatre heures avant d'en faire usage.
Les propriétés de ces bains sont les mêmes que celles de
Hammam-Meskhroutin, dont je parlerai plus
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