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En revenant de notre excursion, nous aperçûmes un troupeau de gazelles, qui s'enfuirent à notre approche, et nous rentrâmes sans accident à Biskra ; ce dont nous eûmes lieu de nous étonner, vu les allures excentriques de notre cocher. Nous nous rendîmes à pied à la Kasbah, où nous avions donné rendez-vous au commandant pour voir le coucher du soleil du haut des bastions.

 
le désert, les vautours.
Comme nous étions en avance, cet officier nous fit très aimablement les honneurs de la caserne : il nous fit visiter le quartier des officiers, celui des soldats ; il nous montra aussi leurs animaux privés, des gazelles, des autruches et de fort beaux chiens. Puis nous gravîmes le sommet de la vieille forteresse, d'où nous pûmes jouir du spectacle d'un de ces couchers de soleil qui défient toute description le ciel était en feu et le pays inondé d'un océan de lumière empourprée.

Une des plus belles oasis du Ziban est celle de Sidi-Okbar, à vingt kilomètres de Biskra. Nous n'avions garde de manquer cette excursion, et nous nous mîmes en route le lendemain, aux premières lueurs de l'aube. Après avoir traversé le village nègre, la rivière et les plaines sablonneuses où des centaines de chameaux tondaient quelques maigres herbages, on tourne au sud-est. Une longue ceinture d'arbres d'une apparence sombre indiqué à l'horizon la position de Sidi-Okbar. A gauche s'élève la grande chaîne des montagnes de Markadou, que le soleil levant baignait d'une délicieuse teinte rose ; à leur base on distinguait des lignes bleu foncé, qui ne se dessinaient en petites oasis aux bosquets gracieux de palmiers que lorsqu'on s'en approchait suffisamment.

    

 

   

Il était près de midi lorsque nous atteignîmes Sidi-Okbar, capitale religieuse du Ziban, dont Biskra est le chef-lieu politique. Le cadi vint nous recevoir en grande pompe, nous offrit le café chez lui, et nous conduisit ensuite à la mosquée et aux autres lieux intéressants de l'endroit. Passant sous un sombre portail, nous nous trouvâmes devant une porte sculptée d'un travail exquis, qui date probablement du quatorzième siècle, et qui est ornée d'anneaux et de poignées en bronze cette porte remarquable s'ouvre sur la cour intérieure de la mosquée, la plus ancienne de toute l'Algérie.

 
A la porte de la mosquée.
 
Elle est entourée d'une colonnade de vingt-six colonnes de marbre, dont les élégants chapiteaux sont tous différents. Du haut du gracieux minaret on jouit d'une vue fort étendue.

L'intérieur de la mosquée brille des plus vives couleurs, surtout le " nimbar " et le " mihrab ". A droite se trouve le tombeau du saint émir sidi Okbar, qui fut surpris et assassiné par un chef kabyle qui avait été son prisonnier et qu'il avait grossièrement insulté. Comme on le voit, la charité, et l'humanité ne sont pas des vertus requises par les musulmans pour être tenu en odeur de sainteté. Les vrais croyants seuls ont le droit d'entrer dans l'enceinte où repose le corps du saint : on nous permit seulement de regarder à travers des croisées en pierre sculptée à jour alternativement en forme de croix et de losange.

 
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