dont la margelle est nouée par
la chaîne qui sert depuis plus de six cents ans à tirer de
l'eau pour les nombreux pèlerins. Tout auprès on voit un
cercueil en marbre, qui contient la dépouille mortelle du
disciple chéri du saint ; et à droite de l'escalier on a
enterré plusieurs personnes de haute naissance et d'une
piété éminente, qui ont obtenu le privilège de reposer à
côté de Sidi-bou-Meddin. Il est impossible de ne pas
respecter la foi naïve de ces pauvres gens, bien que ce soit
affligeant de les voir ainsi plongés dans l'erreur et
l'ignorance de la vérité.
Nous remontâmes par un escalier assez raide dans la
mosquée, qui nous frappa par sa beauté extraordinaire. Sous
une coupole richement décorée, onze degrés de marbre
conduisent aux portes d'entrée, qui sont en cèdre massif,
incrusté de plaques de bronze en losanges d'un travail exquis
; les poignées, les gonds, les serrures, sont remarquables.
On pense que ces portes furent le prix de la rançon d'un
Espagnol, qui avait été captif ici au seizième siècle, et
qui les fit venir de sa patrie, où l'on excellait alors dans
ce genre d'ornementation. A droite de cette entrée s'élève
un minaret recouvert " d'azulejos1 " à
l'extérieur. Nous eûmes bien du mal à grimper jusqu'au
faîte, mais nous fûmes récompensées par une vue magnifique
de la campagne environnante. Après avoir traversé une grande
cour carrée, entourée de cloîtres que soutiennent des
colonnes de marbre, nous pénétrâmes dans la mosquée
proprement dite, qui ressemble beaucoup à l'Alhambra. On y
retrouve les mêmes arcades dentelées, les mêmes
intersections de colonnes, le même dôme si admirablement
sculpté et les mêmes arabesques sur les murailles. Le "
mihrab " ou sanctuaire, avec ses colonnes d'onyx, est un chef-d'œuvre
; la chaire ou " minbur " est en bois de cèdre
sculpté. Cette description peut donner une idée exacte des
autres mosquées de Tlemcen ; mais celle de Sidi bou-Meddin
est incontestablement la plus belle de toutes.
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