Nous passâmes la nuit dans la mauvaise auberge d'ElKantra, parce que je voulais avoir le temps d'explorer et de dessiner ce col magnifique ; et, le lendemain matin nous reprîmes la diligence pour Batna, où nous fûmes reçues à bras ouverts par cette chère madame Maréchal (supérieure des sœurs de la Doctrine chrétienne ), qui nous avait fait préparer un excellent dîner. J'allai ensuite rendre visite au colonel Adelhar, pour lui parler de la terreur qui avait saisi tout le monde à Biskra, et le prier, au nom des Médan et des autres colons européens, d'y envoyer des troupes pour renforcer la petite garnison ; ce qu'il me promit de faire. Remontant dans notre coupé de diligence, nous arrivâmes à Constantine le lendemain, après un voyage nocturne passablement ennuyeux.

Nous consacrâmes deux jours à revisiter les lieux qui nous avaient charmées, et à faire des visites d'adieu aux amis nombreux que nous nous étions faits dans cette ville ; mais, nous souffrîmes beaucoup du brusque changement de climat : à Biskra, c'était le ciel en feu des tropiques ; à Constantine, la neige et les frimas. Les hivers sont très rigoureux dans cette dernière ville : cela tient à sa position élevée et à la proximité de montagnes couvertes de neige. 

Le lendemain matin, à quatre heures nous montâmes dans la diligence qui devait nous conduire à Guelma, et ce ne fut pas sans regret que nous dîmes adieu à Constantine.