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Vis-à-vis du magasin de calottes rouges était installé un marchand d'encens et de " parfums d'Arabie ", auquel j'achetai un petit flacon d'essence de jasmin ; mais, bien qu'il fût cacheté, le parfum subtil s'échappa bientôt.

J'essayai aussi de divers encens, et je donnai la préférence à une substance exquise appelée Jowy Meccawy, qui vient de la Mecque : on dirait, à la voir, un fragment de caillou brun recouvert de spath blanc ; cet encens-là coûte environ 2 fr:40 la livre. Nous ne pûmes résister à la tentation d'acheter plusieurs articles de soieries au bazar des étoffes. Nous trouvâmes ensuite celui des cuirs et des maroquins, pourvu d'art assortiment considérable de chaussures de toute espèce, d'articles de sellerie, de caparaçons, de harnais, de gibecières, de blagues à tabac, de sacs, etc. 

 
 

Tous ces objets sont brodés d'or et de soie ; quelques-uns sont merveilleusement ornés, et tous parfaitement confectionnés. En sortant de ce bazar, nous allâmes nous promener un peu hors de la ville, auprès d'une belle fontaine, alimentée par les eaux du mont Zaghwan, qui est bien ce qu'il y a de plus caractéristique dans le paysage des environs de Tunis ; mais le soleil était si ardent, que nous dûmes regagner bien vite l'ombre protectrice des " sooks ".

Nous désirions beaucoup visiter les galeries d'orfèvrerie et de bijouterie, qui sont, comme au Caire, plus sombres et plus étroites que les autres ; malheureusement, les plus beaux magasins, 

    

 

   
ceux des Juifs, étaient fermés à l'occasion de leur fête de la Pâque.

Pour nous dédommager de ce contretemps, Tobie, le drogman du consulat anglais, nous promit de nous procurer des échantillons de leur savoir-faire, et il tint parole.

 
 
L'après-midi, Mme Wood nous conduisit à la campagne dans sa voiture. Nous passâmes sous un superbe aqueduc antique, tout près du Bardo ou palais du bey, pour aller rendre visite à une princesse mauresque de ses amies.
 
 
La mère de la princesse X..., femme à l'aspect digne et vénérable, aux traits réguliers, à la physionomie mélancolique, avait auprès d'elle ses deux belles-filles, assises sur un divan, et ses trois charmants petits-enfants. Ces dames portaient toutes le costume mauresque : une chemise de gaze ; une veste de soie, fort courte, appelée " jubba ", d'une nuance délicieuse de vert, rose, jaune ou mauve ; un pantalon collant, et une coiffure en forme de croissant, dans laquelle on ramasse la chevelure ; on la place en arrière de la tête, et l'on enroule autour de cet édifice un mouchoir très voyant, ordinairement rayé de fils d'or, tandis qu'une écharpe de gaze retombe sur le cou et les épaules. 
 
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