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A trois kilomètres de Tlemcen, se voient des ruines intéressantes, appelées
" Mansourah "; elles sont d'une étendue considérable : |
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on dirait le fantôme d'une ville déserte, dont l'enceinte est
formée par des remparts crénelés, de ce tuf rougeâtre que le
touriste rencontre si fréquemment dans les monuments de la
campagne de Rome. De nombreuses tours sont placées de distance en
distance, et un minaret de 45 pieds de hauteur s'élève à
l'ouest est construit en briques allongées, de cette forme particulière aux premiers édifices de l'architecture |
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romaine, et revêtu de faïence émaillée ; son portail dentelé, soutenu par des colonnes d'onyx, porte encore le nom du sultan qui le fit construire. |
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Cette ville étrange, appelée
El-Mansourah ou " la Victorieuse ", fut bâtie par
Abou-Yacoub au treizième siècle, pendant qu'il assiégeait
Tlemcen. Le siège durait déjà depuis huit ans ; mais le
sultan avait juré de prendre l'antique cité, et, comme en
attendant il désirait jouir de tout le bien-être possible,
il fit construire El-Mansourah pour lui et son armée,
l'enrichit de bains, de mosquées, en un mot, s'entoura de
tout le luxe de la civilisation orientale. Tlemcen fut enfin
forcée de se rendre ; mais lorsqu'elle eut ouvert ses portes
au vainqueur, El-Mansourah fut abandonnée. Abou-Yacoub ne fut
pas témoin du triomphe de ses aunes, car il l'ut assassiné
peu de temps avant la reddition de Tlemcen.
Notre itinéraire nous indiquait une multitude de colonnes
d'albâtre et d'inscriptions fort intéressantes, que nous ne
trouvâmes plus, parce qu'elles ont été transportées au
musée d'Alger ; cependant nous vîmes quelques entablements
recouverts d'inscriptions, que l'on conserve au musée de
Tlemcen. Cette ville fantôme d'El-Mansourah a vraiment un
cachet extraordinaire.
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Tout en errant au milieu de ses
fortifications silencieuses, nous méditions sur l'énergie
persévérante de ce sultan, qui n'avait pas reculé devant
une dépense aussi énorme pour arriver à son but. |
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