(le colonel Lyons Playfair), qui
nous fit l'accueil le plus aimable, il nous proposa de nous
conduire à une magnifique villa appelée " l'Hydre
", qui venait d'être achetée par M. de Saint-Arnaud, le
célèbre joueur d'échecs. La distribution en est excellente
: une cour extérieure sert de vestibule ou d'antichambre ; la
cour intérieure ou quadrangle est entourée d'arcades en fer
à cheval, que soutiennent des colonnes torses (trois dans les
angles et deux sur les côtés) ; les mêmes détails
d'architecture sont répétés au premier étage ; les
chambres donnent sur des galeries, et, du haut du toit en
terrasse, on jouit d'un point de vue magnifique. Les meubles
de chaque pièce sont en bois peint et sculpté dans le goût
mauresque ; les armoires et les buffets sont garnis de
poteries et de lampes d'origine arabe ou kabyle ; le parquet
et les murs sont revêtus de ces superbes " azulejos
" espagnols que l'on ne sait plus fabriquer de nos jours.
Nous remarquâmes aussi partout des arcades surbaissées très
originales, et qu'on ne voit guère qu'à Alger.
La maîtresse de cette villa était une dame âgée, qui
fut on ne peut plus aimable et nous donna un énorme bouquet
de roses. Elle était à bon droit fière de sa belle habitation.
Elle avait aussi une basse-cour, qu'elle élevait avec un soin
tout particulier.
Nous revînmes par la Kasbah, ancienne forteresse arabe,
dont il ne reste aujourd'hui que les murs et les tourelles.
Nous rencontrions à chaque pas des " koubbas "
ombragées de palmiers, des groupes de Maures auxquels se
mêlaient des négresses enveloppées de burnous à raies
bleues, des Juives avec leurs coiffures noires : en un mot,
une variété de costumes qui auraient réjoui la vue d'un
peintre.
On arrive au musée et à la bibliothèque par une rue
étroite et par une série de ces escaliers à marches peu
élevées que les Italiens appellent " gradini ". Un
très beau portail s'ouvre sur un vestibule qui précède une
cour quadrangulaire, où l'on retrouve les mêmes détails
d'architecture qu'au palais de l'archevêché, sauf qu'ici
les
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