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n'offrent aucune expression de souffrance ; seuls les poings crispés laissent deviner sa lente agonie. Le musée renferme beaucoup de statues antiques, de pavés en mosaïque, de sarcophages et d'inscriptions qui datent des premiers chrétiens, ainsi que de belles colonnes d'albâtre oriental rapportées de Cherchell, de Tlemcen et d'autres points de l'Algérie. Tout en admirant cette collection, qui est parfaitement classée, je ne pou vais m'empêcher de regretter qu'on ait enlevé ces trésors artistiques des lieux mêmes où l'intérêt local serait venu s'ajouter à l'intérêt historique pour rendre ces antiquités encore plus précieuses. La bibliothèque possède des éditions enluminées du Coran, d'une valeur inestimable, qui datent du quatorzième et du seizième siècle. Les enluminures sont d'un travail exquis, et surpassent nos plus beaux missels par la finesse du dessin et la richesse du coloris ; bien entendu qu'il ne s'y trouve aucune figure humaine, ce qui serait contraire à la loi de Mahomet. Les Corans espagnols sont en caractères coufiques, les autres sont en caractères arabes proprement dits. La reliure de l'un d'eux me parut un véritable chef-d'œuvre du genre. Le papier sur lequel ces beaux dessins sont faits, est d'une espèce particulière, qu'on ne fabrique qu'à Constantinople car on ne se sert jamais de vélin pour transcrire le Coran. M. Mac-Hardy nous mena sur la terrasse et dans son appartement mauresque, rempli d'alcôves, d'arcades et pavé " d'azulejos ". II nous montra aussi une machine très compliquée, qui sert à faire des observations astronomiques, et qui passe pour être du treizième siècle. On n'en connaît que trois autres semblables dans le monde entier : l'une se trouve au Musée britannique de Londres, une seconde à Vienne en Autriche, et la troisième à Paris. La bibliothèque d'Alger, qui est digne des trésors qu'elle renferme, est un édifice de la fin du quatorzième siècle ; il est vrai que dans cette ville toutes les maisons anciennes sont belles et intéressantes.

Le jardin d'essai ou jardin botanique est rempli d'arbustes et de plantes rares. On s'y promène dans une magnifique avenue de dattiers et de palmiers-éventails, qui s'étend jusqu'à la mer ; il y a aussi une avenue de bambous, dont les branches se réunissent par le haut, de façon à former une voûte de verdure presque comme 

    

 

   
ceux de Trinidad. On a planté dans ce beau jardin arbre à pain et le bananier, ainsi que l'oranger et le citronnier. Sur une terrasse, des paons étalaient au soleil leur brillant plumage. En face de la grille principale, s'élève le dôme du tombeau d'un saint qui est censé jouir de la faculté d'habiter deux endroits en même temps, d'où lui est venu son nom de Bou-Kobrin. Cette " koubba ", placée dans un site très pittoresque, est entourée d'oliviers, de lentisques, d'aloès et de cactus superbes. On y vient en pèlerinage le vendredi, jour où les femmes mahométanes vont prier sur les tombeaux de leurs parents.
Je subissais le charme de ce lieu paisible.
 

Un peu plus loin, auprès d'une belle fontaine arabe, on arrive au fameux café des Platanes, rendez-vous favori des Algériens les jours de fête ; et ce n'est point étonnant, car tout conspire à rendre cet endroit délicieux : l'ombre des platanes, le murmure des eaux, le spectacle amusant que présentent les groupes variés de conducteurs de chevaux, d'ânes ou de chameaux, qui ne manquent jamais de s'arrêter au café pour se rafraîchir. J'avoue que je 

 
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