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couvrir la figure de leurs
mouchoirs de gaze, tandis que les hommes, qui avaient bu et
mangé à plusieurs reprises pendant la nuit, s'apprêtaient
à former le cortège nuptial. Le père de l'épouse, Juif à
longue barbe blanche, qui avait un turban blanc et une
ceinture rouge, conduisit sa fille à la voiture qui devait
l'amener chez son époux. Nous la suivîmes à pied, et le cri
des femmes : " Li! li ! li ! " recommença de plus
belle à résonner dans les rues étroites et silencieuses ;
puis, remontant dans notre voiture, nous accompagnâmes la
nouvelle épouse jusqu'au faubourg Saint-Eugène (à environ
un kilomètre de la ville), et nous la quittâmes comme le
jour commençait à poindre, en lui souhaitant, après tant de
fatigues, de goûter enfin un peu de repos dans sa nouvelle
demeure.
Le lendemain fut consacré à visiter les mosquées
principales d'Alger, en compagnie de Mahmoud, interprète de
l'hôtel d'Orient, car nous n'osions pas nous aventurer
toutes seules dans les sanctuaires musulmans. La plus ancienne
mosquée, celle de Djama-Kébir, fut terminée l'an 400 de
l'hégire (au dixième siècle de l'ère chrétienne). On y
arrive par de belles arcades et une grande cour ombragée
d'orangers ; au milieu de laquelle on remarque une fontaine
pittoresque. La mosquée elle-même est vaste et fort sombre :
on dirait une véritable forêt de piliers de marbre et
d'arceaux dentelés, qui forment une série de bas côtés. En
nous faisant admirer la chaire, Mahmoud nous apprit qu'un
célèbre marabout, l'archevêque des Mabeki (la secte la plus
populaire parmi les Maures et les Arabes d'Alger), devait
prêcher ce jour-là ; mais, comme nous n'avions pas la
moindre envie d'entendre cet orateur, attendu que nous
n'aurions pas compris un seul mot de son sermon, nous
préférâmes aller visiter l'Exposition nationale des
manufactures et des produits de l'Algérie, ouverte près de
l'amirauté, presque à l'ombre de Djama-Kébir. Cette
exposition était parfaitement organisée et faisait le plus
grand honneur aux autorités : on y voyait, disposés avec
goût, tous les marbres et les métaux que l'on trouve en
Algérie ; tous les bois différents, sans omettre le thuya,
qui est si beau avec ses nuances rougeâtres ; tous les
produits industriels, depuis les haïks
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transparents jusqu'aux tapis de
Llarouat ; des articles de sellerie, des objets en cuir, des
armes, des bijoux, des animaux et des oiseaux, des fleurs et
des fruits, des fossiles et des métaux, des coquillages et du
corail, des papillons et de insectes : en un mot, toutes les
richesses animales, végétales et minérales qui
feraient |
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