En redescendant, nous visitâmes une
autre mosquée, qui présente les mêmes détails
d'architecture que les précédentes. Celle-ci était aussi
pleine que possible d'hommes et de femmes en prière. Nous
donnâmes un coup d'œil à la synagogue, qui venait d'être
restaurée : on y remarque une belle grille en bois sculpté,
servant à séparer la partie réservée aux femmes de celle
des hommes, selon l'usage israélite.
J'ai déjà dit un mot des
excursions charmantes et variées qu'on peut faire dans les
environs d'Alger. Grâce à l'amabilité de lady L.-T. (dont
la jolie villa mauresque est une des curiosités de
Mustapha-Supérieur), nous n'en manquâmes aucune digne
d'intérêt, et nous les fîmes dans la société la plus
agréable possible. Le premier jour, lady L.-F. nous conduisit
à Bou-Zarea, par une jolie route, et de là au tombeau
pittoresque de Sidi-Nouman, ombragé par des palmiers
éventails, dont les branches non taillées forment un rideau
épais de sombre verdure, qui se détache bien sur le fond
blanc de la coupole. De cette " koubba ", distante
à peu près d'un kilomètre du village, on jouit d'un point
de vue magnifique. En revenant, nous descendîmes dans un
ravin pour y cueillir des fougères très rares, tout près
d'une villa abandonnée, dont le jardin était encore rempli
de roses et de jasmin. En passant par la gorge des
Trois-Vallons (du côté du faubourg Saint Eugène), on nous
fit remarquer la célèbre " koubba " de
Sidi-Medjber, auprès de laquelle coule une source
merveilleuse, très fréquentée par les femmes musulmanes, et
qui prend naissance au fond d'un bois presque impénétrable
d'orangers, de citronniers, de grenadiers, d'amandiers et de
figuiers. Le ruisseau longeant le chemin sinueux se change
chaque hiver en un torrent impétueux et inonde ses rives, qui
n'offrent aucune résistance, vu la nature du sol très
friable : aussi l'effondrement des routes qui a lieu
constamment, fait-il le désespoir des ingénieurs, ainsi que
celui des habitants de ces vallons pittoresques : car ils ne
sont jamais certains que leurs maisons ne changeront pas de
place du jour au lendemain ; et, quand on va en voiture à la
ville, on n'est pas sûr de retrouver une route à son retour.
|