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Maroc : en 1347, l'un d'eux, Aboul Hassan, se lance sur les traces
glorieuses du successeur d' Ibn Toumert et rêve de soumettre toute
l'Afrique du Nord. Il atteint effectivement l'Ifrigya, mais il est
battu près de Kairouan (1348). Le prétendant Beni Abd el Ouad
rentre à Tlemcen. Aussitôt il reprend la politique traditionnelle
d'hostilités à l'ouest et à l'est, et ne réussit pas mieux que
ses prédécesseurs.
Ce n'est qu'un exemple. La vie du royaume de Tlemcen n'est
politiquement qu'une succession de coups d'État, de fortunes
subites et de revers soudains. Les prétendants de tout ordre se
disputent la ville, pour le plus grand profit des Hilaliens, qui
restent toujours les hommes de main et se trouvent être les
instruments ordinaires et les principaux bénéficiaires des
restaurations successives.
Malgré toutes ces traverses, Tlemcen trouva le moyen de
devenir une cité commerciale et industrielle florissante, en même
temps qu'un centre d'études très vivant. Le développement de son
commerce est dû à sa situation comme point de transit avec le pays
des noirs, d'où elle recevait de l'ivoire, de l'or, des esclaves,
qu'elle échangeait avec des objets fabriqués, surtout des armes, |
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et contre des chevaux. Son industrie était limitée aux tissus, mais
ces tissus étaient réputés. Les bourgeois de la ville étaient
riches et le trésor. du souverain participait à cette richesse.
Les fêtes égayaient le Méchouar. Les monuments ornaient la
ville. Il en reste des traces, moins nombreuses que celles qu'ont
laissées les Mérinides à Mançourah, mais suffisantes pour
donner une idée de l'art tlemcenien, fortement influencé,
d'ailleurs, par l'art andalou. Les médersas de Tlemcen abritaient
de nombreux étudiants, dont les études théologiques étaient
teintées de mysticisme : le plus fameux de ces ascètes, Sidi Mou
Medyen, a sa sépulture tout près de la ville, à El Eubbad.
V
La Domination Turque
L'éclat d'une ville comme Tlemcen ne saurait pallier l'état de
faiblesse dans lequel des luttes perpétuelles avaient mis
l'Algérie. Cet état devint manifeste quand les Espagnols, ayant
chassé les musulmans de leur pays, entreprirent de les poursuivre
sur la terre africaine.
Dans les premières années du XVIèmesiècle, les Espagnols occupent
Mers et Kébir (1505), Oran (1509). Bougie (1510) et obligent les
villes de la côte à envoyer en Espagne des émissaires qui se
soumettent au tribut. C'est le cas de Ténès, de Mostaganem, de
Cherchell, de Dellys. Alger, ville alors autonome, se laisse même
imposer l'humiliation d'une garnison sur l'îlot (alors séparé de
la terre ferme) sur lequel s'élève le Penon et où s'installe une
garnison espagnole.
Si précaire que fût la vie de cette garnison, suspendue aux
relations par mer avec la métropole; les Algérois étaient
incapables de la chasser. La puissance turque, qui s'était
élevée sur les ruines de la dynastie abasside, s'étendait alors
sur la péninsule balkanique, l'Asie occidentale, l'Égypte.
Cependant les Algérois ne s'adressèrent pas à elle pour obtenir
des secours. Ils demandèrent ceux des frères Barberousse.
Ces quatre frères, dont deux seulement, Arroudj et Khayr ed Din,
appartiennent à l'histoire, étaient des aventuriers. Fils d'un
potier de Metelin (Mytilène), ils devaient
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