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leur richesse et leur renommée à la piraterie, qu'ils avaient
exercée d'abord, avec des alternatives de succès et de revers, en
Méditerranée orientale, puis, avec un plein succès, en
Méditerranée occidentale.
L'aîné, Arroudj, fut appelé d'abord par un prince de la dynastie
hafcide, pour reconquérir Bougie. Il échoua une pfemiére fois en
1512 et une seconde fois peu après. Mais
l'époque était favorable aux aventuriers.
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Arroudj fit triompher
un prétendant en Kabylie, et, avec les 5.000 hommes que lui
fournit son obligé, et qui vinrent renforcer ses compagnons, il
entra dans Cherchell, puis dans Alger.
Là se posait toujours la question du Penon. Arroudj, n'ayant pu la
résoudre immédiatement, fut menacé par une grave révolte, qu'il
mata énergiquement. Les Espagnols envoyèrent une nouvelle
expédition qui échoua complètement. Mais l'événement avait
montré les hésitations du sultan de Ténès, et du Beni Abd el
Ouad de Tlemcen après avoir soumis dans sa marche Médéa et
Miliana, Arroudj les battit l'un et l'autre, et s'installa à leur
place. II fut assiégé sans succès par les Espagnols dans Tlemcen
et mourut. Mais son domaine était singulièrement étendu.
Khayr ed Din Barberousse, son frère, qu'il avait laissé dans
Alger, consolida définitivement sa puissance par un acte politique
adroit et par la prise du Penon. Il se reconnut le vassal de la
Porte, qui lui envoya 2.000 janissaires et permit à 4.000
volontaires turcs de le rejoindre. Quant au Penon, après l'avoir
enlevé, il réunit l'îlot à la terre ferme par une digue,
donnant ainsi à Alger un port étroit mais sûr. Il quitta Alger
pour aller mourir à Constantinople (1546). Il avait désigné
comme son successeur I-lassan Agha, avec le titre de beylerbey
(émir des émirs).
Toute la puissance d'Alger à sa belle époque reposait sur la
milice des janissaires, toute sa richesse sur les corsaires. Ces
conditions suffisent à expliquer que le gouvernement n'ait jamais
pu être fort. La guerre sainte, qui était son principe le plus
ferme, ne fut qu'un prétexte à des exactions : à l'extérieur
par la course; à l'intérieur par une administration purement
fiscale. Le jour où la décadence de la course et de la milice des
janissaires fit disparaître le prétexte même, l'Alger turque ne
put plus se maintenir et son pouvoir ne fut plus considéré que
comme de l'oppression.
Le moyen de gouvernement de Barberousse et des beylerbey ses
successeurs était la milice (odjaq) des janissaires. C'était une
troupe turbulente et bien recrutée à l'origine; tous les grades
étaient acquis à l'ancienneté, y compris celui du chef suprême
(Agha), qui ne restait en fonction que deux mois. La plupart des
janissaires vivaient dans les casernes; ils ne se livraient à
aucun exercice militaire, leur emploi du temps étant réglé par
années (un an en garnison, un an en colonnes pour aider à la
collecte de l'impôt, un an de repos). Ils étaient administrés
par un |
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