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divan, et leurs chefs réussirent à s'introduire dans le grand
divan, conseil administratif du beylerbey, avec voix consultative
d'abord, puis en prenant une part grandissante au gouvernement.
Barberousse lui-même avait eu à se défendre contre leurs
empiètements. Ses successeurs, dont le pouvoir était accru par le
fait même de leur éloignement de Constantinople et par l'autorité
qu'ils avaient à titre de beylerbeys d'Afrique sur les pachas de
Tunisie et de Tripoli, furent dans le même cas. L'un d'eux imagina
°de former une garde indigène qui fût mieux dans sa main. Ce fait
donna lieu au dernier acte effectif de souveraineté de
Constantinople, qui, en 1587, remplaça le beylerbey par un pacha
nommé pour trois ans, et n'ayant plus autorité sur ses collègues
de Tunis et de Tripoli.
A cette époque, la course était florissante, et, encouragée par
les pachas, qui y trouvaient un bénéfice personnel en même temps
que celui du trésor et de la ville, elle prenait une extension
toujours croissante. Dès le milieu du XVIème siècle,
ce fait avait inquiété l'Espagne. Mais la grande expédition de
Charles-Quint en 1541, contrariée par la mer, se termina en
désastre, et une nouvelle tentative en 1567 n'eut pas un meilleur
sort. Le renom d'invincibilité d'Alger commença à s'établir,
encore favorisé par la politique française, conciliante et
pacifique à l'égard des musulmans. Cette politique ne fut pas sans
résultats locaux un consul installé par Henri III obtenait des « concessions »
(droit d'établissement dans certains ports) et des privilèges
(pêche du corail).
Mais les Algériens ne restèrent pas fidèles aux conventions. Les
Provençaux, exposés à leurs coups, se défendaient, et leur
politique particulière ne correspondait pas à la politique royale.
L'instabilité des musulmans et les fluctuations des puissances
européennes permirent à la course de devenir vers 1620 un
véritable fléau. L'Europe n'arrivait pas à une action concertée
: en 1622, les Anglais bombardaient Alger; mais, vers la même
époque, un Français, Sanson Napollon, fut sur le point d'obtenir
par des négociations l'établissement de relations acceptables
entre son pays et Alger. Rien n'y fit, et, vers 1650, on comptait
dans Alger environ 30.000 captifs chrétiens enlevés par les
Corsaires. Un nouveau bombardement anglais en 1655 restait sans
effet.
Alger s'enrichissait. Cette richesse même devait faire sa ruine. La
corporation des patrons corsaires, sur qui reposait |
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cette prospérité, était en rivalité avec les janissaires;
rivalité armée qui dégénérait en émeutes fréquentes. En
1659, la milice l'emporta, et le pacha, réduit à un rôle
purement honorifique, fut remplacé en fait, à la tête du
gouvernement par l'Agha, chef des janissaires. Caricature de
gouvernement : les pouvoirs de l'Agha ne duraient théoriquement
que deux mois; dans la pratique, c'était encore pire : tous furent
successivement assassinés. La faction
des patrons corsaires l'emporta en 1671 et confia le gouvernement à
un dey (oncle) nommé à vie : les quatre premiers furent des
marins.
Mais le beau temps était passé. Ces révolutions affaiblissaient
Alger. De plus, sans qu'une action concertée des puissances
européennes se produisît, Français et Anglais bombardaient la
ville, ceux-ci en 1672, ceux-là en 1683 sous Duquesne, puis en
1688, sous d'Estrées. Chacune de ces opérations en elle-même
n'obtenait pas le résultat décisif; dans l'ensemble, et combinées
avec des croisières fréquentes, elles arrivèrent à diminuer
notablement l'importance de la course. Dès le XVIIIème siècle, le
nombre des captifs dans Alger tombait à 2.000.
En même temps, le recrutement des Corsaires, comme
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