Pages précédentes CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE LIVRET 1 L'ALGÉRIE jusqu'à la pénétration saharienne Pages suivantes
- 46 - Table des matières - 47 -
   
    

TROISIÈME PARTIE

L'ALGÉRIE ET LA FRANCE

I

L'expédition de 1830

La cause profonde de l'expédition française contre Alger en 1830 est l'impossibilité, dans l'Europe moderne, de tolérer longtemps la situation extravagante créée en Méditerranée par les agissements de la Régence. La menace perpétuelle qu'ils faisaient peser sur le trafic était insupportable. La flotté anglaise, envoyée en 1816 devant Alger, sous le commandement de lord Exmouth, n'avait pas obtenu un résultat durable. En dépit de la suppression officiellement promise de l'esclavage, le Dey maintenait en fait ses prétentions : au début de 1824, trois vaisseaux espagnols avaient été capturés par les Algériens et les équipages condamnés aux travaux publics. Au mois de mars, le capitaine de vaisseau français du Buisson obtint leur libération, mais la question n'était pas réglée pour cela. Elle devait l'être fatalement, par une puissance ou par l'autre, dans un avenir prochain.

L'occasion est bien connue. Les Bacri et les Busnach, juifs algériens qui avaient le monopole des grandes affaires dans la Régence, avaient fait à la Première République des fournitures de grains qui n'étaient pas encore réglées en 1815. Le gouvernement de la Restauration comprit cette créance dans la liquidation générale qu'il avait entreprise : un accord de 1819 en fixa le montant à 7 millions de francs.

En 1827, la somme n'était pas encore recouvrée. Des créanciers de Bacri s'étaient révélés et mettaient opposition aux paiements. Les tribunaux étaient saisis, à charge

      

d'examiner le bien fondé de leurs réclamations. D'où la lenteur extrême. Mais, de son côté, le Dey d'Alger était aussi créancier de Bacri, et il insistait avec la plus grande véhémence pour que son débiteur fût enfin payé. C'était au Consul de France à Alger, Deval, à lui faire prendre patience. L'affaire finit mal. Après une lettre à notre

Hussein Pacha, d'après Fernel

Ministre des Affaires étrangères, le Dey Hussein passa de la menace aux actes. Le domicile de notre agent consulaire à Bône fut violé, des bâtiments français furent visités par des Algériens dans les eaux de la Corse, et des bâtiments sous pavillon pontifical capturés. Enfin, le 30 avril 1827, au cours d'une audience, le Dey, hors de lui, frappa trois fois Deval de son chasse-mouche, et le congédia.

Réaction française immédiate et conforme à la tradition :
 
Pages précédentes   Table des matières   Pages suivantes