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une escadre se présenta devant Alger et son chef exigea excuses et
réparations. Hussein refusa tout. Notre Consul et nos résidents
s'embarquèrent. Les côtes furent déclarées par la France en
état de blocus. Hussein répliqua en ordonnant la destruction du
comptoir français établi à la Calle. Le résultat était, lui
aussi, conforme à la tradition.
Il devint évident que la flotte à elle seule ne pourrait amener la
décision.
Le ministre de la Guerre, Clermont-Tonnerre, se rendit à
l'évidence et proposa au Conseil des Ministres une expédition
militaire, un débarquement (11 octobre 1827) : il se heurta à
l'opposition du Président du Conseil Villèle, et à celle du
Dauphin. Le Cabinet suivant (Martignac) se contenta de maintenir le
blocus et chercha à reprendre les tractations. C'était encourager
la résistance du Dey, déjà poussé dans cette voie par le Consul
d'Angleterre.
Un peu plus de deux ans après le « coup d'éventail », en juillet
1829, le Dey poussa l'audace jusqu'à faire canonner, malgré le
pavillon parlementaire, la Provence à bord de laquelle se trouvait
le capitaine de vaisseau de la Bretonnière, reçu la veille en
audience sans résultat. Hussein rejeta bien la responsabilité de
la canonnade sur son ministre de la Marine. Mais la destitution de
ce haut fonctionnaire n'était pas une satisfaction suffisante pour
la France.
Polignac, qui venait de succéder à Martignac, ne parut pas,
d'abord, plus décidé que son prédécesseur à entamer une guerre
en Afrique. Sur la proposition de notre Consul au Caire, Drovetti,
il pensa à une alliance avec Méhémet Ali, le vice-roi d'Égypte,
qui se présentait comme le plus entreprenant des héritiers
éventuels de la Porte. Cette idée rentrait dans le plan général
de liquidation de l'Empire ottoman que caressait Polignac. Celui-ci
était sur le point d'admettre les conditions singulièrement
décevantes posées par Méhémet-Ali : il trouva une vive
résistance chez ses collègues, notamment chez le ministre de la
Marine, le baron d'Haussez, qui convainquit le roi Charles X de
l'impossibilité, entre autres choses, de céder au vice-roi
d'Égypte, comme il le demandait, quatre bâtiments dé la flotte de
guerre française. Au reste, l'attitude de la Russie et de la Prusse
rendit bientôt caduc le grand projet du ministre des Affaires
étrangères.
Les circonstances né laissaient plus d'autre issue que l'action
militaire, le débarquement. Il fut décidé, en conseil des
Ministres, le 31 janvier 1830 et publiquement annoncé le 3 mars
suivant. |
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L'objet essentiel de l'expédition était de venger l'insulte faite
au pavillon français. Certaines réserves contenues dans les
instructions données au général de Bourmont, commandant en chef,
portaient que celui-ci devait s'abstenir, dans ses relations avec
la population et les chefs, de quoi que ce fût qui pût engager
l'avenir. Mais, en dehors de la soumission complète, d'ailleurs
improbable, ou de l'éviction définitive du Dey d'Alger et de
l'administration turque, rien n'était expressément prévu : idée
directrice semble avoir été de prendre pied à Alger et sur
certains points de la côte; il n'y a pas trace d'intentions «
colonisatrices ».
Au reste, dans ses circulaires aux puissances, Polignac affirmait
au nom du Roi de France que, si le gouvernement du Dey venait à
disparaître, une conférence internationale réglerait le sort de
la Régence. L'intérêt général de l'Europe était évidemment
que le nid de pirates fût détruit, et les grandes puissances se
contentèrent des assurances données.
Toutes, sauf une, l'Angleterre. Le Cabinet de Saint-James, à
plusieurs reprises, demanda des explications supplémentaires et
avant tout l'engagement formel que nous ne resterions pas à Alger.
C'était là évidemment sa crainte, car il voyait dans notre
installation éventuelle sur la côte nord de l'Afrique une menace
grave pour sa prépondérance maritime, affirmée jusqu'en
Méditerranée.
Son Consul à Alger prodiguait les encouragements au Dey Hussein.
Déjà, en 1824, Du Buisson, en arrivant devant Alger, avait
essuyé un coup de canon d'un navire britannique. Le sang-froid et
la fermeté du commandant de l'Hermione avaient évité un incident
grave.
Le gouvernement français ne se laissa pas intimider. Le baron
d'Haussez eut, à la fin d'avril, avec lord Stuart, ambassadeur de
la Cour de Londres à Paris, une conversation parfaitement nette.
Le prince de Polignac affirmait une énergie et une décision
égales.
La situation politique intérieure en France était infiniment
moins favorable.
Le ministère Polignac (« Coblence, Waterloo, 1815 ») était
considéré, dès ses débuts, comme un ministère de coup d'État.
La. personnalité du ministre de la Guerre, le général-comte de
Bourmont, était particulièrement discutée. A la première
nouvelle d'une expédition contre Alger, |
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