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   s'était plaint de cette lenteur dans une lettre au ministre de la Marine). Aussi les premiers bonds en avant eurent-ils lieu sous forme de contre-attaques.
La première fut effectuée le 19 juin et nous mena au plateau de Staouëli.

Les troupes de l'Agha Ibrahim avaient exécuté le 15 quelques attaques du genre de celles de la veille, mais sans plus de succès. Le 19, à la pointe du jour, elles attaquèrent sur tout le front. A l'extrême gauche de notre ligne, les assaillants marquèrent quelques progrès et mirent un moment en péril la brigade Clouet. Les combattants étant mêlés, les canons de la flotte ne pouvaient intervenir.
Fort l'Empereur
C'est alors qu'une brillante contre-attaque de la brigade Cobomb d'Arcine (23ème et 29ème de ligne), général en tête, rétablit la situation et chasse l'assaillant. Une contre-offensive d'ensemble, assez mal menée, finit par entraîner toute la ligne : les gens d'Ibrahim sont ramenés, la baïonnette aux reins, à leur camp de Staouëli, qu'ils évacuent en hâte pour se reformer plus loin.

L'avance était de quatre kilomètres. Nos pertes se montaient à 44 tués et 473 blessés. Si le corps expéditionnaire avait été en possession de son matériel, il aurait pu pour. suivre sans désemparer jusque sous Alger.
      

Le retard du convoi obligeait toujours à la prudence, dont l'inconvénient était d'encourager l'ennemi qui y voyait de la timidité, sinon de la peur. Le 24 juin, il attaqua de nouveau : nos troupes le refoulèrent et, progressant de huit kilomètres vers l'est, s'arrêtèrent à Sidi Khalef. Un seul officier fut blessé mortellement : c'était un des quatre fils de Bourmont qui prenaient part à l'expédition.

Ce nouvel arrêt, survenu pour la même cause que le premier, encouragea encore l'ennemi. L'Agha Ibrahim avait été remplacé à la tête des troupes par le bey du Tittery, Mustapha Bou Mezrag, qui passait pour plus énergique. Les 25, 26, 27 et 28 juin se passèrent en attaques incessantes contre nos nouvelles positions encore insuffisamment assises sur le terrain. Il devenait urgent d'en finir.

Le 28, le général de Lahitte annonça que son matériel était débarqué et disponible. Bourmont fixa au lendemain l'attaque décisive.
L'exécution fut rendue difficile et pénible par suite d'une erreur de direction due au brouillard. Cependant nos troupes occupèrent les hauteurs de la Bouzaréa ; en fin de journée, elles étaient à portée de canon de la Casbah et devant le Fort l'Empereur, que le troupier, plein de souvenirs récents, appelait déjà le Fort Napoléon.

La mise en place des batteries commença aussitôt et fut achevée le 3 juillet au soir. Ce même jour, comme déjà l'avant-veille, la flotte bombarda la ville, sans grand succès, semble-t-il.
Avant la fin de la nuit du 3 au 4, les Turcs exécutèrent une attaque sur une de nos batteries. Ils furent aisément repoussés, et à 4 heures, le bombardement commença. A 700 mètres, il fut rapidement efficace, bien que la garnison (800 Turcs, 1.200 Maures et Coulouglis) entretînt son feu pendant trois heures. A 8 heures, la forteresse cessa de répondre. Le bombardement continua. A 10 heures, au moment où l'ordre allait être donné de battre en brèche, une formidable explosion se produisit, détruisant la tour centrale et crevant le front nord-ouest. Les occupants s'étaient repliés sur la ville et avaient fait sauter le magasin à poudre. Trois compagnies du 25ème de ligne se précipitèrent dans le fort.

Les batteries turques furent immédiatement retournées contre la ville, et les travaux d'approche vers la Casbah

 
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