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avide, l'Arabe verra en nous des libérateurs. Il implorera
notre alliance. Rassuré par votre bonne foi, il apportera dans nos
camps les produits de son sol. »
Il y avait là les principes d'une politique qui ne fut pas
exécutée systématiquement, mais suivie sans vues d'ensemble sous
la pression des circonstances.
Avant la fin de juillet 1830, celles-ci avaient montré à Bourmont
que l'application était quelque peu hasardeuse. Au lendemain de la
prise d'Alger, il crut aux bonnes dispositions du !bey du Tittery,
Mustapha Bou Mezrag, et lui donna l'investiture de la France. Le 23
juillet, Bourmont se rendit à Blida, mais le lendemain, il fut
attaqué sur la route du retour. Et dès lors Mustapha prit une
attitude hostile et menaçante.
Bourmont, nommé Maréchal de France le 24 juillet, apprit les
nouvelles de la capitale officieusement le 10 août et
officiellement peu après. Il jugea nécessaire de concentrer ses
forces sous Alger, ce qui amena, entre autres choses, l'arrêt des
négociations avec le bey d'Oran. Sur l'ordre du nouveau ministre de
la Guerre, le général Gérard, il fit prendre, sans incident, le
drapeau tricolore par ses troupes (17 août).
Le général Clauzel fut désigné le 12 août pour le remplacer.
Bourmont lui passa le commandement et s'embarqua le 3 septembre pour
Mahon où il attendrait la suite des événements : l'amiral
Duperré lui avait refusé un bâtiment de l'État (alors qu'il en
avait accordé un au Dey Hussein) ; du moins le général Clauzel
fit-il rendre les honneurs au brick autrichien qui l'emporta.
Le nouveau commandant en chef se trouvait dans une situation
délicate. Pour des raisons de politique intérieure et extérieure,
le gouvernement de Louis-Philippe n'était rien moins que décidé
à une politique de conquête. Dans ces conditions, le général
Clauzel arrêta la ligne de conduite suivante : occupation effective
des points importants de la côte, occupation de toute la Régence
d'Alger en confiant l'administration du pays à des chefs musulmans
vassaux.
La liquidation de l'autorité turque fut poursuivie. Mais il fallait
se hâter. Car, si, comme on le verra plus loin, Clauzel pensait à
utiliser les Tunisiens, avec qui la France entretenait de bonnes
relations, l'autre prétendant à la |
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domination de l'Algérie, le Sultan du Maroc cherchait aussi à
reprendre la traditionnelle politique d'extension vers l'est. Sa
première tentative fut l'occasion de l'entrée en scène de Mahi
ed Din et de son fils Abd el Kader.
On a vu l'importance grandissante prise dans l'Algérie turque par
le mouvement maraboutique. Un de ses représentants les plus
vénérés dans la province d'Oran au moment du débarquement des
troupes françaises à Alger était Madi et Din. Celui-ci avait eu
de sa seconde femme, Zohra, un fils, Abd El Kader, en qui certaines
prophéties faisaient voir le futur Mahdi qui délivrerait les
musulmans. Né en 1808, Abd El Kader était venu en 1822 poursuivre
ses études à Oran. Là, il avait senti grandir sa haine du Turc
dont le peu de respect pour les préceptes coraniques l'avait
choqué, en même temps que les exactions de la milice. Les
prophéties relatives à Abd el Kader inquiétèrent le bey d'Oran,
Hassan. Peu après son retour à la Zaouïa paternelle et son
mariage, Abd el Kader fut impliqué avec son père dans des
poursuites consécutives à une attaque contré Mascara. Détenus
quelque temps à Oran, le père et le fils purent enfin aller en
pèlerinage à La Mecque. Ils en revinrent au début de 1829.
Après le débarquement des Français, le sultan du Maroc, Abd er
Rahman envoya un gouverneur à Tlemcen. Le bey Hassan protesta et
chercha du secours auprès des populations indigènes : il demanda
notamment l'appui de Mahi ed Din, dont l'influence était
considérable. Sur le conseil d'Abd El Kader, Mahi ed Din refusa.
A ce moment, le général Clauzel renforça la garnison de
Mers-el-Kébir par la brigade Damrémont, dont une fraction occupa
Oran le 4 janvier 1831. Hassan se retira à Alexandrie, puis à La
Mecque. Le commandant en chef français négociait avec Tunis.
Notre consul dans la Régence, Mathieu de Lesseps, avait entretenu
les bonnes dispositions du bey pour la France. Clauzel résolut
d'en profiter. Le 4 février, il installait le prince Achmet comme
bey d'Oran. Il songeait à établir un autre prince tunisien à
Constantine.
En même temps, il agissait dans le Tittery, occupait Médéa, où
il installait un bey dévoué à la France et une garnison
française.
Mais Paris hésitait. Les effectifs furent réduits, Clauzel fut
rappelé et remplacé par le général Berthezène (que Bourmont
avait désigné pour son successeur éventuel au gouvernement de la
Restauration). Celui-ci resta en fonction jusqu'en décembre 1831.
Il fut remplacé à son tour par |
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