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ultimatum du gouverneur général fut rejeté. Il fallut se
préparer à la lutte. Damrémont qui, au début de l'année, était
l'homme de l'occupation « restreinte, progressive et pacifique » (la formule, on le voit, date de loin), Damrémont se mit à
l'oeuvre.
Il reçut les renforts qui avaient été refusés à Clauzel. Il
préleva des forces dans les provinces d'Alger et d'Oran, et réunit
ainsi un corps expéditionnaire dé 10.000 hommes pourvu d'un très
puissant matériel de siège. Il en prit lui-même le commandement,
voyant un des fils du roi, le duc de Nemours, parmi ses quatre
commandants de brigades d'infanterie. L'expédition quitta
Medjez-Amar, le 1er octobre. Le 6, elle était devant
Constantine, abandonnée par Ahmed et défendue par son khalifa Ben
Aïssa.
Sans prévoir un investissement régulier, Damrémont prescrivit des
travaux qui, vu la nature du terrain, prirent quelques jours.
Lui-même fut tué le 12 octobre, au moment où il inspectait une
batterie. Il fut remplacé par le général Valée qui était le
plus ancien. Dès le lendemain, Valée ordonnait l'assaut,
l'artillerie ayant pratiqué une brèche Les zouaves se
précipitèrent en avant, conduits par Lamoricière qui fut blessé
par l'explosion d'un magasin à poudre. Les autres colonnes durent
engager un vif combat de rues |
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qui se termina victorieusement. Ahmed gagna l'Aurès. Une
garnison française fut installée dans la ville.
Ce succès plaça le gouvernement français devant une situation
nouvelle. Bien qu'il eût réprouvé toute politique de conquête,
il estimait nécessaire dé conserver Constantine. Cette exigence
empêcha toute entente avec Ahmed qui n'aurait accepté
d'administrer le pays au nom de la France que si on lui avait rendu
sa capitale. Aucun chef indigène ne parut capable de tenir sa
place. Ce fut encore une circonstance heureuse : dans le cas
contraire, nous aurions suscité nous-même à l'est la création
d'un État qui aurait fait pendant à celui d'Abd el Kader dans l'Ouest.
Nous n'avons pas eu que de la malchance dans la pacification de
l'Algérie.
Valée, gouverneur général en remplacement de Damrémont, nomma un
commandant supérieur de la province Cet officier général était
chargé, outre le commandement des troupes, de l'administration, et
résidait à Constantine. La province était divisée en quatre
khalifaliks (Sahel, Ferdjioua, Medjana, Sahara) administrés chacun
par un khalifa indigène. C'était en somme une imitation du
système établi par Abd el Kader dans la province d'Oran.
Cette organisation ne resta pas théorique. Elle fut accompagnée
d'une extension effective de l'occupation : prise de Stora,
fondation de Philippeville, envoi de colonnes mobiles s'installant
successivement à Mila, Sétif, Djidielli Les circonstances
imposaient par leur seul enchaînement ce à quoi n'avaient pu se
décider les dirigeants retenus par une partie de l'opinion
française.
Au bout de sept années, la domination turque était complètement
liquidée. Une méthode d'administration commençait à se faire
jour. Mais cette première étape sérieuse vers la pacification
était payée cher par l'installation dans la partie occidentale du
pays, la plus dangereuse, puisque limitrophe du Maroc hostile, d'un
pouvoir indigène étendu, fort, énergique, et que les concessions
qu'on lui avait faites n'avaient rendu que plus intransigeant. |
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