V
L' Achèvement de la Pacification
(Voir
carte)
La fin de la lutte contre Abd el Kader marquait la principale étape
de la pacification en Algérie. Elle ne sauva pas plus la monarchie
de juillet que la prise d'Alger n'avait
sauvé Charles X. Du moins était-ce un magnifique héritage que
le' Roi des Français laissait sur la terre d'Afrique à la Seconde
République. Il s'étendait du Maroc à la Tunisie, de la
Méditerranée au Sahara. Aucun homme, aucun chef
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n'était capable de reprendre à son compte l'impossible rêve
d'Abd el Kader. A la poursuite de celui-ci les colonnes françaises
avaient montré leurs drapeaux et pacifié les populations, même
dans les vieux môles de résistance comme l'Ouarensenis, l'Aurès,
le Djebel-Amour. Elles étaient allées jusqu'à Laghouat et
jusqu'à Biskra. La mise en valeur, la colonisation, avaient
commencé, grâce aux efforts des autorités joints à ceux des
particuliers, au premier rang desquels il faut citer le baron de
Vialar.
Il restait cependant une lourde tâche à remplir. La Kabylie ii
avait pas cédé aux sollicitations d'Abd el Kader. La soumission de
celui-ci ne l'affectait pas; et les Kabyles n'étaient pas disposés
à reconnaître les autorités françaises. Dans le sud, le contact
avec les grands nomades était à peine pris, il fallait établir la
sécurité de la rive septentrionale de la mer saharienne.
Une première solution fut obtenue des deux côtés moins de dix ans
après la soumission d'Abd el Kader. Elle fut remise en question,
d'abord dans le sud (1864), puis en Kabylie (1871) . Sur ce dernier
point un effort intense permit une pacification rapide. Dans le sud
il fallut guerroyer jusque dans les premières années du XXème
siècle.
La question se posa des deux côtés simultanément et clans des
conditions analogues : soulèvements locaux provoqués par des
agitateurs qui couvraient d'un prétexte religieux leur désir de
pillage. En 1849 Bou Zian, dans le Sud, Bou Baghla, en Kabylie,
forcent les Français soit à agir, soit à envisager une action
sérieuse.
Dans le sud ce fut l'affaire de Zaatcha, pénible et coûteuse.
Après un premier assaut infructueux le 20 octobre 1849, des
renforts furent envoyés et permirent de prendre le Ksar. Les pertes
françaises s'élevaient à 1.500 tués et blessés. Affaire
purement épisodique d'ailleurs, malgré son caractère meurtrier,
et qui n'empêcha pas l'agitation de se poursuivre. Elle atteignit
un certain développement en 1852.
Un chérif, qui avait fait parler de lui dans les dernières années
de la lutte contre Abd el Kader, Mohammed ben Abdallah, s'était mis
à prêcher la guerre sainte parmi les populations sahariennes
rassemblées autour de lui. Ses partisans mirent la main sur
Laghouat. De ce point, où il vint lui-même s'installer, il tenta
d'entraîner les tribus de l'Atlas et des Hauts-plateaux. Il fallut,
pour le réduire, l'action combinée des deux colonnes Pélissier et
Yusuf, qui s'emparèrent de Laghouat le 4 décembre 1852, tandis |