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   DECAMPS. - L'école turque (Musée de Chantilly)       

que la France a assumée - mais, dans ce Cahier où il ne doit être question que des indigènes, de l'École arabe. La voici décrite par Fromentin, comme elle a été peinte par Decamps, avec une vérité qui n'a pas aujourd'hui encore une seule ride
« La maison d'école est encore là; elle y demeurera tant que vivra le maître, elle y sera sans doute après lui, et pourquoi non ? Si l'on raisonne à l'arabe, il n'y a pas de motif, en effet, pour que ce qui a été cesse d'être, puisque la stabilité des habitudes n'a pour limite que la fin même des choses, la ruine et la destruction par le temps. Pour nous, vivre, c'est nous modifier; pour les Arabes, exister, c'est durer. N'y eût-il entre les deux peuples que cette dif­férence, c'en serait assez pour les empêcher de se comprendre. Depuis que tu l'as vu, le maître d'école a vieilli de deux ans; quant aux enfants, les plus âgés sont partis, d'autres plus jeunes les ont remplacés; voilà tout le changement: la naturelle évolution de l'âge et des années, rien de plus. Les écoliers continuent d'être placés sur trois rangs, le premier assis par terre, les deux autres étagés contre le mur, sur des banquettes légères, superposées sans plus de façon que les rayons d'un magasin. Par la disposition du lieu, c'est une boutique; pour le bruit et pour la gaîté de ses habitants, on dirait une volière. Le magister, toujours au centre de la classe, administre, instruit, surveille; il met de trois à cinq années scolaires à enseigner trois choses: le Coran, un peu d'écriture et la discipline; des yeux il suit les versets du livre, la main posée sur une longue gaule, flexible comme un fouet, qui lui permet, sans quitter sa place, de maintenir l'ordre aux quatre coins de la classe. (1) »
 
 

II. - Les petits Métiers

Après avoir appris à l'école arabe quelques sourates du Coran, le jeune indigène de la ville ou du ksar entrait en apprentissage chez quelque artisan: voyons ces petits métiers avec Isabelle Eberhardt :
« Une ruelle obscure, aboutissant à un carrefour à ciel ouvert où coulent des reflets d'or, le long des murailles pâles: la djemaâ d'Elmaïz.

(1) FROMENTIN, - Une année dons le Sahel. Paris, Plan. 19!5. in-18. p 43.

 
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