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   arracha son sabre; le lança loin d'elle et ils commencèrent une danse où ils se poursuivaient, s'atteignaient, s'entrelaçaient, se fuyaient, se cachaient et se retrouvaient; puis ils allèrent se perdre l'une dans le groupe des femmes, et l'autre dans celui des hommes. La musique accompagnait avec la plus grande intelligence tous les mouvements des deux acteurs de cette gracieuse pantomime, à laquelle la clarté incertaine et vacillante des torches ajoutait un charme indéfinissable. (1) »
 
A Laghouat et à In Salah, il m'a été donné d'observer une autre danse Ouled Naïl qui est infiniment gracieuse, la danse des mouchoirs :
« Nous prenons place sur des coussins et dès notre entrée deux musiciens indigènes soufflent dans leurs rhaïtas et gagnent « leur cachet en ville » de toute la force de leurs poumons. En les regardant je songe aux vers de Hugo « ... coupe-jarrets à faces renégates ».
 
« Près d'eux, en face de nous, sont assises quelques Ouled-Naïls dans leurs vêtements de parade : longues tuniques de mousselines blanches ou bleues, d'un bleu pâle et criard, comme aiment en porter les paysannes de France les jours de foire et de procession. Mais ces danseuses n'ont que ce point de commun avec les « Enfants de Marie ». Au repos cependant leur maintien est d'une parfaite correction et même lorsque, en dansant, elles miment les gestes les plus précis de l'amour, leur visage demeure d'une impassibilité absolue. Le « chef d'orchestre », pour désigner à chacune son tour, l'appelle d'une onomatopée gutturale, quelque chose comme « tropp ».
 
« Aussitôt l'une de ces demoiselles se lève, faisant bruire les multiples bracelets de ses chevilles et de ses avant-bras, le bandeau de sequins qui barre son front, sous une coiffure en filigrane d'argent ou d'or. Ses pieds menus accélèrent la cadence sur le tapis de haute laine, et ce frémissement monte le long des jambes, s'amplifie au bassin en vagues de volupté, et vient mourir le long des bras levés, au-dessus de la tête immobile, dans le tremblement des doigts minces qui agitent un mouchoir de soie, ondoyant et diapré comme une flamme.
« Le bachaga doit connaître les goûts des Européens, car les danseuses qu'il a choisies sont minces, jeunes,

(1) Léon ROCHES. - Dix ans à travers l'Islam. 1834-1844- Paris Perrin et Cie 1904, in-18, p. 58-59.

      

DINET. - Danse des Ouled Naïl.

 
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