sa personne le conseil, l'autorité, la jurisprudence et la loi:
voilà toute la magistrature. Pas d'avoués, ni d'avocats, ni de
ministère public; ni délais, ni procédure à suivre, ni
complications, ni lenteurs. On entre avec son adversaire, on
s'assied par terre à côté de lui; chacun à son tour expose son
affaire; le débat contradictoire compose à la fois l'enquête et
les plaidoyers. Rien n'est plus sommaire. C'est à peu près la
justice de paix, c'est-à-dire la juridiction la plus logique, la
plus humaine et la mieux nommée, s'il est vrai que le premier but
de la justice doive être de concilier. Si l'accord est impossible,
alors le kadi juge, dans sa sagesse et dans sa conscience, comme
Salomon. (1) »
X. - La Chasse
Je n'infligerai pas au lecteur de récit de chasse à la façon
de nos jours; mais pour donner à ce recueil un petit parfum de
centenaire romantique et tenter un « à la manière de... Delacroix
! », je prendrai, dans les souvenirs si vivants de Léon Roches, le
tableau d'une chasse au lion où il assista pendant les premiers
temps de son séjour auprès d'Abd el Kader. Il n'y a phis guère
hélas! de lions en Algérie. Il en reste encore quelques-uns dans
l'Atlas. Dernièrement un avion en photographiait un dans une gorge
sauvage où il avançait magnifiquement, comme un grand seigneur qui
foule la terre dont il sait qu'il sera dépossédé :
« Dès que le jour commença à poindre, nous montâmes à cheval.
Je compta environ deux cents cavaliers, qui étaient précédés par
un nombre égal de fantassins, la plupart armés de fusils ; les
autres tenant les chiens en laisse.
« Le chef de la chasse était l'agha de Djendal, El Hadj Bou Aalêm
ben Cherifa, le cavalier et le chasseur le plus renommé du Chélif.
Il ordonna aux traqueurs de lâcher les chiens de piste, qui sont
d'une race très petite et qui, seuls de tous les animaux, n'ont pas
peur du lion, sans
(1) FROMENTIN. - Une année dans le Sahel.
Paris, Plon, in-18, p. 91-92 et 94.
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