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   enivrer Scipion et Laelius, - ce n'est plus l'individu qui compte aujourd'hui, c'est la part qu'il prend à l'œuvre collective de sa patrie - nos jeunes hommes trouveront en Afrique le champ le plus vaste et celui qui mérite le mieux d'attirer leur énergie, leur savoir, leur intelligence et leur cœur.
 
La France doit à tous les indigènes qui peuplent cette grande Afrique française de leur envoyer des guides utiles et bons. Pour travailler ensemble avec succès, il faut se connaître, s'estimer, s'aimer. Puissent les notes qui vont suivre, servir à répandre dans la métropole le respect et l'affection que méritent les indigènes de l'Afrique du Nord. C'est aux 250.000 combattants qu'elle nous envoya pendant la guerre que ces pages sont dédiées par un frère d'armes.
      

 
CHAPITRE PREMIER
 

LE DÉCOR DE LA VIE
 

I. - Maisons et Jardins

Le voyageur qui débarque en Afrique du Nord est dès ses premiers pas séduit par le charme de la maison arabe. Fromentin, qui passa une année en Algérie, d'octobre 1852 à octobre 1853, est un des auteurs que nous citerons le plus souvent, car il est un de ceux qui surent le mieux rendre, avec un égal bonheur par la plume et par le pinceau, tout ce qu'une sensibilité délicate et une sympathie bienveillante peuvent découvrir de beauté en terre d'Afrique. Voici comment il décrit la maison arabe :
 
" Habitées par le peuple qui les avait bâties et je pourrais dire rêvées, ces demeures étaient une création à la fois des plus poétiques et des plus spirituelles. Ce peuple avait su faire des prisons qui fussent des lieux de délices, et cloîtrer ses femmes dans des couvents impénétrables aux regards et transparents. Pour le jour, une multitude de petites ouvertures, des jardins tendus de jasmin et de vignes; pour la nuit, des terrasses: quoi de plus malicieux et en même temps de plus prévoyant pour la distraction des prisonnières ? Ces maisons si bien fermées n'ont, pour ainsi dire, pas de clôture. La campagne y pénètre en quelque sorte et les envahit. Le sommet des arbres touche aux fenêtres; on peut, en étendant le bras, cueillir des feuilles et des fleurs; l'odeur des orangers les enveloppe, et l'intérieur en est tout parfumé.
 
" Les jardins ressemblent à des joujoux d'art destinés à l'amusement de la femme arabe, cet être singulier dont la vie longue ou courte n'est jamais autre chose qu'une enfance.

 
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