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   L'admirable souplesse de l'instrument s'est surtout révélée en temps de crise.
 
A diverses reprises, après une série de récoltes déficitaires comme il s'en produit parfois dans l'Afrique du Nord, les Sociétés indigènes de Prévoyance ont reçu du Budget Algérien un concours financier important, qui leur a donné les moyens de consentir des prêts considérables aux cultivateurs dans le besoin.
 
C'est ainsi qu'au moment du resserrement économique de 1920, un crédit de 20 millions a été mis à leur disposition. En 1926, il a été nécessaire de recourir au compte Hors-Budget « dépenses à régulariser » jusqu'à concurrence d'une somme de 16.500.000 fr., soit 9.000.000 à titre d'avances remboursables aux Sociétés de Prévoyance, 5.500.000 fr. pour assistance par le travail et 2.000.000 pour secours aux indigènes invalides.
 
Alors que le loyer de l'argent s'élevait progressivement avec le taux de l'escompte, ces crédits extraordinaires ont permis, d'une part, d'ensemencer les terres dont les déten­teurs n'avaient rien récolté lors de la campagne précédente et, d'autre part, d'assurer la subsistance des indigènes valides, lesquels ont été affectés à des travaux ruraux pro­ductifs, et des vieillards, infirmes, femmes et enfants, que les difficultés économiques laissaient sans ressources.
 
En 1927 de nouveaux fléaux (sécheresse, gelée, cyclones) s'étant abattus sur la Colonie, les Assemblées financières algériennes ont voté pour venir en aide aux populations indigènes éprouvées, une somme de 10.000.000 de francs, répartie en trois chapitres, savoir :
 
1° Prêts de semences remboursables..................... Fr. 7.000 000
3° Secours aux vieillards et indigènes valides...........-   2.000.000
3° Secours aux vieillards et indigènes invalides.........-   1.000.000
 
En 1928 et en 1929, à la suite de l'invasion des sauterelles, le crédit relatif aux prêts de semences a été augmenté de 2 millions. Il a été décidé que cette somme serait répartie, par l'intermédiaire des Sociétés de Prévoyance, à titre d avances aux cultivateurs sinistrés, au taux réduit de 2 %.
       Enfin, une nouvelle dotation de 500.000 francs a été prévue pour secourir les vieillards et les invalides.
En Algérie, parmi la masse des cultivateurs musulmans, la circulation monétaire ne s'effectue pas avec la même rapidité et la même aisance que dans la Métropole. La Société de Prévoyance, en donnant à la mutualité, jusqu'alors éparse et abandonnée à l'initiative privée, une organisation régulière, a créé un système de solidarité et de crédit agricoles dont l'indigène saisit à merveille le fonctionnement et qui est définitivement entré dans ses mœurs.

Ces résultats imposants ont incité l'Administration à élargir les moyens d'action des sociétés de prévoyance et à leur donner, en période de crase, un coefficient multiplicateur d'efficacité. Un projet de loi a été transmis au Gouvernement français, en vue de créer un fonds commun alimenté par la participation de toutes ces sociétés.
La réforme qui serait ainsi réalisée a pour but de cons­tituer une masse de manœuvre qui interviendrait avec toute la rapidité désirable, dès qu'une crise économique de quelque gravité menacerait la population agricole des douars. A maladie subite convient médication immédiate.
Il convient, en outre, d'organiser d'une manière plus rationnelle la gestion financière de ces établissements; de déterminer la juridiction devant laquelle ils pourront porter leurs litiges, en leur laissant la possibilité d'ester, suivant les circonstances, soit devant les tribunaux de droit commun français, soit devant les tribunaux musulmans pour le cas où il faut administrer, en tenant compte des mœurs indigènes, la preuve testimoniale d'un prêt.
On envisage également la possibilité, pour les sociétés de prévoyance, d'intensifier leur besogne d'assistance en s'associant entre elles : les sociétés de minime importance pourront, ainsi, en s'unissant ou en s'appuyant à d'autres, obtenir plus d'aisance, plus de souplesse dans leur activité créatrice et bénéficier des moyens financiers des établissements similaires. Il serait alors possible de faire participer ces institutions à la vie des écoles professionnelles, des oeuvres diverses créées en exécution de la législation, de la coopération et du crédit mutuel en Algérie.

Les bureaux de bienfaisance musulmans

Un arrêté du général Clauzel, en date du 7 décembre 1830, confia la gestion des biens ayant appartenu aux anciennes

 
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