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simplifiée, et surtout des synthèses de lignes où le carré, le
triangle et le losange entraient comme éléments essentiels. L'art
berbère, stylisateur à outrance, donnant à toutes ses
représentations une abstraction énergique et concise, n'a jamais
su évoluer que dans un géométrisme élémentaire, attardé à
quelques thèmes primitifs, comme le losange et le chevron. Malgré
l'apport de l'hispano- |
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représenta, en les stylisant à l'excès, des modèles
d'expérience usuelle, Van Gennep voit dans les parallèles l'image
du filet, dans les damiers : les alvéoles des abeilles; dans le
double losange, une assemblée de personnes. (Revue
d'Ethnographie et de Sociologie, novembre et déc. 1911,
novembre et décembre 1912). On peut supposer, d'autre part, que
beaucoup de dessins ont d'abord eu un caractère de prévention
magique; certains ont figuré les cinq doigts de la main
(intersection ou parallélisme de cinq lignes), pour lutter contre
le mauvais oeil. Un auteur contemporain, Westermarek, a même
expliqué par le thème de l'œil. déformé par les conditions
techniques de l'exécution, un grand nombre de détails ornementaux
de l'imagerie arabo-berbère.
Le tissage algérien ne s'aventurait guère à la représentation
des êtres vivants. On a voulu en chercher la cause dans la
prohibition édictée par la loi islamique. Il convient à ce sujet
de mettre également en lumière, comme l'a fort bien vu l'École
sociologique de Frazer, la superstition du primitif, les dogmes
magiques et animistes, et la répulsion millénaire qui, encore de
nos jours, dans certains pays, fait d'une simple peinture un sujet
de crainte et de terreur mystique.
La teinture des tapis était généralement de provenance
végétale. M. Vachon a énuméré comme il suit les plantes
employées : " la garance (Fouka) fournit le rouge profond;
mélangée à la gaude (asfar), le jaune; dans l'indigo (Nila),
ainsi que dans le pastel, on trouve le bleu; dans l'écorce de
grenade, le rouge clair; on fera le vert avec la mousse de la "
nila " bouillante et une décoction de feuilles d' " azaz
" ou bien avec de l'indigo et de la gaude mélangés; le noir,
au moyen d'une mixture d'indigo, de sulfate de fer, de gaude et de
noix de galle; et le violet, en additionnant d'indigo la crème de
tartre ". Haëdo qui écrit vers la fin du 16ème siècle,
constate de fortes importations à Alger de cochenille d'Espagne
destinée à la teinture (Topographie et histoire générale
d'Alger, 53). De son côté, Venture de Paradis, qui résidait à
Alger, vers 1789, note des importations de cochenille venant de
Marseille et, parmi les exportations, " 3 ou 400 quintaux de
vermillon cueilli à Mascara et à Titteri " (Alger au XVIIIème
siècle, 282, 292).
L'industrie tapissière avait donc connu une certaine vogue. Nous
verrons plus loin qu'il ne faut pas l'exagérer.
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