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2° La Broderie, l'Orfèvrerie, etc...
La broderie était cultivée avec soin à Alger, Constantine et
Oran. Au point de vue de la couleur, les broderies d'Alger se
classaient en deux groupes: les unes, presque uniquement enrichies
de soie violette, les autres, de soies rouge et bleue, avec
adjonction d'autres tons, tels que le bleu clair, le jaune, le vert.
Rozet admire les beaux châles qui se vendaient sur le marché de
Koléa (Voyage dans la Régence d'Alger, III, 253). Venture
de Paradis écrit : " Le goût des Algériens est pour la
broderie; les hommes et les femmes en ont tous, sur leurs habits,
pour des sommes importantes. Mais la broderie est grossière et l'or
seul en fait le prix ". (Venture de Paradis, op. cit. 299).
Shaw a vu des femmes kabyles coiffées d'un fichu triangulaire
" brodé avec beaucoup d'art ". (Shaw, op. cit. 117.)
Depuis l'occupation turque, l'exécution de la broderie s'était
raffinée et, comme l'a écrit M. Marçais : " elle est la
seule formule d'art vraiment originale dont l'Algérie soit
redevable à l'occupation turque ". (Marçais, L'art en
Algérie, 146).
L'orfèvrerie, notamment l'orfèvrerie kabyle, paraît être
arrivée, vers 1830, à un certain épanouissement. Mais cette
industrie était alors passée aux mains d'artisans israélites, d'
ailleurs ingénieux, pour la plupart venus de Livourne, de Grenade
et de Cordoue. Haëdo remarquait, à la fin du XVIème siècle, que
" la plupart des orfèvres d'Alger sont juifs " (Haëdo,
op. cit 91). William Shaler, Consul Général des États-Unis à
Alger, avant et au moment de la Conquête, le constate aussi. "
On trouve, dit-il, parmi les Juifs, beaucoup d'ouvriers pour les
bijoux d'or et d'argent " (Shaler, Esquisse de l'État
d'Alger, traduct. Bianchi, p. 87). En 1883, encore, M. René
Basset voyait la même spécialisation à Mazouna (Basset, Mélanges
africains et orientaux, p. 93).
La céramique et la poterie avaient, en 1830, perdu
toute valeur artistique. M. Marçais a cependant relevé l'existence
d'une faïencerie, près d'Alger, à l'époque de l'occupation
française (Marçais, l'Exposition d'art musulman de 1906,
393). Rozet mentionne qu'en 1830, il y avait, dans le faubourg de
Bab-el-Oued, plusieurs fabriques de poteries (Rozet, op. cit. 111,
91). Auparavant, l'industrie potière algérienne était assez
renommée. Shaw cite Cherchell pour ses fabriques " de poteries
de terre, dont les Kabyles et les Arabes font un grand usage "
(Shaw, op. cit. 267). Mas-Latrie nous révèle que dans l'inventaire
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d'une pharmacie de Gênes, en 1312, il est fait état de "
faïences dorées " de Bougie. De bonne heure, l'industrie
européenne, importée en Algérie par les échanges commerciaux ou
la prise, avait influé sur l'art des céramistes locaux. Les
produits de Delft entraient pour beaucoup dans l'ornementation des
maisons musulmanes. " L'industrie locale ne produisait guère
que des poteries communes et des faïences copiées sur les modèles
européens ".( Marçais, L'art en Algérie, 141).
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