Pages précédentes CAHIERS DU CENTENAIRE DE L'ALGÉRIE LIVRET 11 LA FRANCE  et LES ŒUVRES INDIGÈNES en Algérie Pages suivantes
- 44 - Table des matières - 45 -
   
   La dinanderie algérienne empruntait ses modèles au Maroc et à l'Espagne. Ses principaux centres de fabrication étaient Alger, Bou-Saâda, Laghouat et Boghar. On y ciselait des plateaux,des braseros,       

Les centres de production étaient à Alger, à Oran, Constantine, Guelma, Médéa, Oum-el-Bouaghi et en Kabylie.

LA DÉCADENCE
DES ARTS MINEURS INDIGÈNES (1)

C'est bien à tort qu'on a cru découvrir dans la période de 1.800 à 1.830 la fleur suprême des arts arabo-berbères. Depuis le XVIIIème siècle, les industries locales étaient déjà entrées dans une lente agonie. Cette décadence n'avait d'ailleurs fait qu'accélérer un rythme de régression dont l'origine est lointaine. Dès la fin du XVIème siècle, Haëdo qui analyse le mouvement commercial de la Régence, ne parle pour l'exportation ni de tapis, ni de broderies. Par contre, il constate, dans les importations, des tapis de Turquie (Topographie, 54). Shaw estime que les tapis algériens " ne sont ni aussi beaux, ni aussi bons que ceux de Turquie. " (Voyage dans la Régence d'Alger, 119) Il fait remarquer que l'on est souvent obligé de faire venir les étoffes luxueuses d'Europe ou du Levant " parce que " le peu qui s'en fabrique (en Algérie) ne saurait suffire aux besoins des habitants. Les exportations de la Berbérie se bornent à du blé ". (Shaw, op. cit. 119-120).
 
C'est par une illusion romantique, une sorte de mirage oriental, que l'on a vu dans l'Algérie de 1830 un pays de luxuriante production artistique. Depuis de nombreuses années, l'art local végétait, rabougri, sans sève, attardé à des imitations qui avaient peu à peu compromis sa réelle originalité. Cette décadence ne pouvait que se précipiter durant les opérations militaires qui suivirent 1830.
Mais il est encore d'autres causes.
 
1º Le déplacement dès courants commerciaux. - Le commerce intérieur de l'Algérie comportait un double courant : celui qui allait du Nord au Sud et du Sud au Nord, multipliant l'échange des céréales du Nord contre les produits du Sud; celui de l'Est à l'Ouest, et de l'Ouest à l'Est qui reliait par des embranchements transversaux les grandes directions indiquées ci-dessus. C'est ainsi

(1) Quelques passages du présent exposé se retrouveront dans la brochure : Art antique et art musulman, due au même collaborateur, et où ils sont aussi à leur place.

 
Vieilles armes appartenant à des chefs indigènes. des aiguières, des sucriers, etc... Rozet note " que les armuriers font des lames de sabre et de yatagan assez estimées : ils montent les fusils et font aussi les batteries; mais les canons qu'ils emploient venaient de Smyrne ". (Rozet III, 102). Les artisans algériens n'atteignirent en aucun moment la perfection et la vive originalité des demasquineurs de Fez et de Tunis.
L'ébénisterie et le travail du bois ont toujours été secondaires dans la Régence. Léon l'Africain parle toutefois des artisans de Miliana (III, 54). La même note se retrouve dans Marmol (II, 396-397). Mais, Haëdo, qui décrit les intérieurs citadins, n'y a pas vu dé meubles :
" Les Algérois, dit-il, n'ont pas de cassettes, d'armoires, ni de pupitres, une boîte ou un coffret leur suffit... Ils n'ont pas non plus de buffets ou de tables
pour manger ". (Haëdo, Topographie, 208). Venture de Paradis, qui visita de nombreuses maisons maures, ne donne aucune précision sur l'ébénisterie. Cependant, la menuiserie citadine fabriquait des coffres peints, des tabourets avec incrustation de nacre, des porte-Coran, etc...
Pages précédentes   Table des matières   Pages suivantes