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   Elles procèdent des facteurs d'ordre plus général qui ont marqué, au cours du XIXème siècle, l'économie mondiale, lors de la transformation des industries locales domestiques en industries à grand rendement.

L'effort français de redressement

L'histoire serait trop longue de tous les efforts qui, depuis la conquête, ont assuré la conservation ou entrepris la rénovation des arts indigènes. Héritière de ces efforts, l'administration académique centralise aujourd'hui l'œuvre nécessaire.

A. - L'œuvre de l'Administration Académique

1° Restauration du décor. - Un cabinet de dessin a été annexé au Rectorat. Son oeuvre s'est traduite, d'abord par l'inventaire minutieux et patient des types artistiques existant encore dans la Colonie et, au besoin, par leur reconstitution; d'autre part, par l'épuration et la correction de ces types et un retour à la forme classique qu'ils avaient autrefois revêtue. On a enfin demandé aux pays voisins des thèmes orientaux ou arabo-berbères, faciles à acclimater et à développer en Algérie.
C'est ainsi qu'un tapis du Guergour, tissé par les élèves indigènes de nos écoles, s'inspire de modèles soigneusement établis et d'où tout anachronisme, toute intrusion de style hétéroclite, sont rigoureusement bannis. Il en est de même du tapis de Kalaâ que l'on a expurgé des apports extérieurs, pour lui rendre la vivacité de sa ligne, la fraîcheur de son décor, sa particularité d'ornementation symétrique en caissons alternés. On est revenu également à la géométrie originelle du style berbère: les florescences qui avaient envahi, dans certaines régions, le répertoire linéaire traditionnel, ont été émondées et ramenées à la simplification précises qui a toujours caractérisé les tissages kabyles.
Pour les broderies, afin de vivifier la formule originale d'art algérien qu'a si bien définie M. Marçais et dont les spécimens sont nombreux soit au Musée des antiquités, soit au Cabinet de dessin de l'Académie, de judicieux emprunts ont été faits de plus à l'art marocain. Les broderies de Rabat, avec leurs illustrations florales, leur vive palette allant du bleu indigo au vert, au violet sombre et à l'or, ont été remarquablement reproduites. Celles de Fez, de

       Salé, de Tétouan, d'Azemmour, où le jardin hispano-mauresque s'épanouit avec une si riche ampleur, connaissent aujourd'hui des variantes algériennes d'une magnifique venue.
Même rénovation dans la dinanderie et l'ébénisterie. Le cabinet de dessin de l'Académie a tenté, pour le cuivre une adaptation très
 
Lampadaire et tabouret arabes (Ecoles de Constantine) rationnelle de certains thèmes syriens, en les combinant avec les traditions locales des anciens ciseleurs. La même initiative a retrouvé le secret des beaux meubles de la grande époque. Le coufique est enseigné dans nos écoles et il apparaît dans des oeuvres que l'Algérie de 1830 n'a jamais produites et que les pays musulmans ne peuvent, d'ailleurs, qu'imparfaitement réaliser. En résumé, nous constatons dans la Colonie, grâce aux laborieuses recherches de l'Académie d'Alger, une renaissance de la ligne, de la forme, de la ciselure, un retour à la tradition classique, une modernisation enfin, due à la simplification élégante des motifs et à l'utilisation des ornementations les plus savoureuses de l'Islam.
2° Restauration de la palette. - Nous avons vu la décadence qui avait frappé le tapis, la broderie, le tissage algériens. II fallut y remédier rapidement. Comme l'a écrit M. Delaye, " il y eut unanimité pour reconnaître que le mal avait sa source dans l'emploi de colorants artificiels
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