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l'amortissement du métier, les produits qui n'ont pu trouver
acquéreur. Il a organisé, au surplus, une exposition permanente,
dans ses ateliers d'Alger, en faisant appel, en vue d'un rapide et
lucratif écoulement de la marchandise, aux méthodes modernes de
présentation, de publicité et de vente.
La maison-mère, si l'on peut dire, la cellule créatrice dont les
filiales se séparent par une sorte de scissiparité professionnelle
et sociale, comprend des ateliers-annexes en pleine activité. Des
centres ont également été créés à Mila, Mascara, Bougie, au
Hamma, à Corneille, Azazga, BouSaâda, Guelma, Aflou et Tébessa. |
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LES INDUSTRIES INDIGÈNES
LES MÉTIERS
Passons en revue la situation des techniques et industries
indigènes au moment de l'occupation d'Alger.
Les industries indigènes avant 1830
Un fait domine toute l'organisation indigène avant 1830: c'est
la pérennité apparente de la tribu, cristallisée depuis des
siècles dans une forme rigide. La collectivité musulmane de
l'époque est fixée à un point mort. Elle est en état d'arrêt,
d'attente, ou pour employer ici, en le déformant légèrement, un
mot d'Auguste Comte, en : " statique sociale ". Le fléau
du balancier algérien n'a que d'imperceptibles oscillations; les
plateaux restent chargés de la même pesée héréditaire; un
équilibre suffisamment stable s'est établi entre les forces
traditionnelles de la société. Aux yeux du citadin, du
cultivateur, du nomade, le régime semble marqué d'une promesse
d'éternité. Sa forte emprise supprime toute velléité, non
seulement de progrès, mais encore de changement quel qu'il soit.
L'Algérie de 1830 montre, à l'Occident méditerranéen,
l'immobilité du groupement pastoral que Renan a décrite dans la
Syrie préjudaïque (Histoire du Peuple d'Israël, Tome I).
Que peut-il résulter de cette civilisation figée ? Quelques
besoins rudimentaires afriérés, facilement satisfaits; une
psychologie sommaire, qui ignore toute ambition de renouvellement,
l'acceptation passive d'une situation millénaire dont nul ne songe
à souhaiter ou même envisager la modification. Comme le sens du
" devenir ", voire de la simple évolution, est absent de
la philosophie musulmane, la société indigène, avant
l'occupation, reste sans facteur évolutif. Il
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Ainsi les arts indigènes jouissent en Algérie d'un renouveau
d'épanouissement. Désormais modernisés, dégagés des tutelles
étrangères, enrichis de greffes judicieuses, ils donnent aux
artisans arabo-berbères de précieuses intuitions, d'efficaces
apprentissages du Beau. Ils les détachent ainsi de ce réalisme
utilitaire, un peu borné et étroit, qui à travers les âges et
depuis l'antiquité la plus reculée, a toujours caractérisé
l'âme de ce pays. Mais notre enseignement technique est, d'autre
part, inspiré de soucis trop pratiques pour enfermer ses apprentis
dans la tour d'ivoire de l'art pour l'art. |