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   En dehors du cours d'agriculture ou des cours d'apprentissage des métiers manuels, professés au siège, le centre est outillé pour donner en tribu un enseignement simple, pratique, expérimental, pour généraliser l'emploi des araires français et des procédés modernes d'agronomie algérienne.
Des chefs de culture et, le cas échéant, des maîtres-ouvriers parcourent les douars; ils jugent l'état des récoltes, diagnostiquent le malaise rural là où il se trouve, donnent aux fellahs, à titre absolument gratuit, les conseils nécessaires pour les amener à mieux organiser leur entreprise.
Au siège du Centre, tous les indigènes qui le désirent (et ils sont nombreux) peuvent, par voie de roulement, - faire un stage de quelques jours ou de quelques semaines, pour perfectionner leur pratique professionnelle. Revenus chez eux, ils ne sauraient oublier l'enseignement qu'ils ont reçu, et les bonnes méthodes se propagent ainsi, de proche en proche, à la façon d'une tache d'huile parmi les autochtones du " bled ". De là, une tendance bien marquée, depuis quelques années, à un défrichement plus intensif des parcelles broussailleuses, à une mise en oeuvre plus savante de la terre, à un accroissement rapide de la production céréalifère.
Afin de conjuguer l'action des Centres d'éducation et des Sociétés indigènes de Prévoyance, l'Administration a étroitement associé ces deux institutions. Partout où il existe un Centre, les chefs de culture dressent l'inventaire des besoins et des ressources des fellahs; ils surveillent l'emploi des prêts, contrôlent l'usage des bêtes de labour et des instruments aratoires.
Ils établissent, avec les caïds, la liste des khammès, ouvriers agricoles et fellahs de leurs secteurs, s'enquièrent de la superficie des terres de labour, du nombre d'animaux de travail et des instruments aratoires possédés par les cultivateurs. Ils signalent les fellahs qui ont réellement
- besoin de la Société de Prévoyance et contrôlent l'emploi des prêts de semences et de cheptel consentis par cette Société. A un prêt de 4 quintaux d'orge par exemple,
doivent correspondre des ensemencements d'environ 4 hect. Les Chefs de culture enregistrent également les superficies ensemencées en blé dur, blé tendre, orge, avoine, fèves, le nombre d'hectares ayant reçu des labours préparatoires, les rendements obtenus; les arbres fruitiers possédés, et enfin, ils notent la superficie des terrains propres à la culture qui appartiennent aux particuliers, à la commune, au domaine et qui restent incultes.
       Tous ces renseignements permettent de juger, au jour le jour, la situation indigène, de connaître les capacités de remboursement des emprunteurs de la Société de Prévoyance, ou de suivre enfin l'évolution économique du pays.
D'autre part, les chefs de culture veillent à ce que les ensemencements se fassent de bonne heure et ils rappellent à l'occasion qu'en Algérie les premières semailles fournissent généralement une abondante moisson. Ils préconisent la pratique fructueuse des labours préparatoires, vérifient, modifient les attelages, montrent le réglage de la charrue pour labourer en largeur, en profondeur. Ils découvrent l'aptitude de chaque sol à produire telle ou telle culture, désignent les parcelles qu'il serait utile dé débroussailler ou d'épierrer, enseignent par quels moyens on peut amender un lopin qui commence à donner des symptômes d'épuisement. Ils indiquent comment on sulfate les semences, comment on plante un arbre, comment on greffe et l'on taille. Leur enseignement est des plus précieux à ce dernier point de vue. L'arboriculture n'a pas qu'un intérêt agricole; elle revêt une valeur sociale considérable, car elle fixe étroitement l'homme à la terre, accroît sa dilection de la vie rurale et du labeur rustique. Bugeaud, avec. son robuste bon sens, l'avait déjà entrevu :
 
« Tâchons, écrivait-il au Maréchal Soult, de donner aux Arabes le goût de la culture des arbres, parce que rien ne rend sédentaire et n'attache à la localité comme cela. »
Mais le Centre d'éducation professionnelle ne remplit pas qu'un rôle exclusivement agricole. Il faut, en effet, que le fellah puisse trouver des artisans capables d'effectuer les réparations courantes du fer, du bois, du cuir, etc... que nécessite l'usage du matériel agricole. C'est dans ce but, que la plupart des Centres d'éducation ont aujourd'hui des sections d'apprentissage, de maçonnerie, de menuiserie, de forge et de charronnage. On cherche, en outre, à développer les industries existant déjà, telles que la sparterie, la vannerie, la poterie, la céramique. Enfin, on s'efforce d'introduire dans les milieux musulmans, diverses techniques nouvelles, tournage, fabrication des balais, des sandales, etc...
 
Des maîtres-ouvriers sont à la tête de chaque section. Ils forment des apprentis qui, au bout d'un certain temps, s'établissent pour leur propre compte ou fournissent une main-d'œuvre particulièrement appréciée dans le pays. Grâce aux gains élevés auxquels leur permettent de prétendre leur habileté et leur expérience professionnelle,
 
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