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Organisés d'abord, à titre d'essai, sur quelques points bien
choisis, ces cours sont faits à présent, dans près de 40 écoles.
Les indigènes, jeunes gens et adultes, les suivent avec beaucoup
d'attention et s'empressent d'appliquer sur leurs propres terres les
conseils reçus et les exemples donnés. C'est ainsi que dans une
région à terrains pauvres, des essais méthodiques de fumure,
réalisés par l'instituteur devant les fellahs, ont déterminé
ceux-ci à faire l'achat de plus de 200 quintaux d'engrais
appropriés, qu'ils ont employés avec plein succès.
On voit que l'école d'indigènes non seulement s'intéresse, comme
toute école, à la population pour laquelle elle est faite, mais
s'adapte aux besoins locaux : elle participe à la vie même du
village, du douar; elle l'anime, la dirige, l'améliore, constitue
un moteur essentiel de l'œuvre civilisatrice entreprise par la
France.
Comme nous l'avons indiqué au chapitre précédent, presque toutes
les écoles d'indigènes sont pourvues d'un atelier et d'un
outillage pour le travail du bois et du fer. Car le travail manuel a
toujours eu sa place dans les programmes scolaires. On ne saurait
prétendre faire faire un apprentissage véritable à des enfants de
moins de treize ans; mais ils sont initiés au maniement des outils
usuels - les outils modernes, cela va sans dire. En tribu, ils
apprennent ainsi à réparer, à entretenir le petit matériel
agricole dont ils peuvent disposer. Ailleurs, on les entraîne à
utiliser les ressources de la région, palmier, alfa, fibre
d'aloès, joncs. roseau, osier, lentisque, olivier, laine, argile,
plâtre; ce sont des exercices pratiques de tissage, de tressage, de
vannerie de sparterie, de modelage, de tricot. On les oriente ainsi,
comme il convient, vers l'apprentissage des métiers manuels.
Nous avons signalé, d'autre part, l'effort tenté par l'Académie
d'Alger en vue de la rénovation des arts et des industries
indigènes. Nous avons analysé ses remarquables initiatives, pour
la restauration d'une esthétique que les circonstances économiques
avaient lentement repoussée au second plan. Son œuvre, dans le
domaine de la technique pure, dans l'apprentissage manuel, est
également considérable.
Ainsi s'harmonisent, dans un même programme, dans une même
ambition généreuse, les cours annexés aux Écoles et les Centres
d'Éducation professionnelle. Ici comme là, c'est le. même souci
de progrès social, la même préoccupation d'améliorer le sort des
populations qui nous sont confiées. Ce que ne fait pas l'École, le
Centre d'Éducation le réalise; |
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ce que le Centre n'a pas les moyens de réaliser, c'est l'École qui
le fait. Ces deux institutions, l'École et le Centre, sont
complémentaires l'une de l'autre, et s'épaulent fraternellement
pour activer en Algérie l'action civilisatrice de la France.
Pour les écoles de filles, comme pour les écoles de garçons
indigènes, il faut un personnel dévoué, un personnel
soigneusement choisi et préparé.
Les instituteurs français, qui se destinent à l'enseignement des
indigènes, doivent satisfaire à un stage d'un an à l'École
normale de Bouzaréa. Ils y constituent, pendant cette année, la «
Section Spéciale », créée par arrêté ministériel, du 20
octobre 1891. Là, ils s'initient à la pédagogie spéciale
concernant les Musulmans; ils acquièrent l'usage de la langue arabe
et du dialecte kabyle, des notions de médecine usuelle et
d'hygiène; ils s'exercent à l'agriculture pratique, aux travaux
manuels, aux arts indigènes.
Pour entrer au Cours Normal, les indigènes subissent un concours,
qui, d'abord restreint à eux seuls, est depuis 1924 le même .que
pour leurs camarades français.
La durée des études au Cours Normal était, au début, de deux
ans. Elle est aujourd'hui de trois ans.
La place considérable attribuée dans les Écoles de Filles au
tissage des tapis, aux broderies et autres « arts indigènes »
rendit nécessaire, pour les institutrices, avant de les affecter à
cet enseignement, un stage de préparation professionnelle. Le stage
se fait, depuis 1910, à Alger. Le nombre annuel des stagiaires est
déterminé par les besoins en personnel (3 en 1905, 6 en 1910, 15
en 1929).
Pour contrôler le fonctionnement de toute cette organisation, peu
à ;peu constituée et qui va sans cesse se développant, il y a
cinq inspecteurs primaires (2 pour le département d'Alger, 2 pour
celui de Constantine, 1 pour celui d'Oran), placés sous l'autorité
respective des inspecteurs d'Académie des trois départements
algériens; - trois inspecteurs dits spéciaux, l'un pour
l'enseignement agricole, les autres pour l'enseignement «
professionnel, artistique et industriel », eux aussi sous
l'autorité des inspecteurs d'Académie pour les affaires d'ordre
départemental, mais sous celle de l'Inspecteur général de
l'enseignement des indigènes et du Recteur pour les questions
d'organisation générale. Prévu par le décret du 18 octobre 1892
(art. 65) sous le nom d'inspecteur principal
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