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ceux auxquels nos yeux sont accoutumés. Sous le soleil de
midi, la route de Bougie à Djidjelli offre aux regards
émerveillés les couleurs les plus opposées. Au pied des
falaises rouges, les oueds gonflés par le dernier orage
apportent à la mer une boue sanglante colorée de larges
taches chocolat. Puis les tons s'adoucissent en des ocres et
des beiges plus neutres qui tournent insensiblement au vert,
tandis que, dans le lointain, la mer se teinte |
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d'outremer et
de violet. Le soir, à l'heure où le soleil rase la cime des
montagnes, le même paysage apparaît entièrement décoloré,
méconnaissable.
Les montagnes, le ciel, la mer endormie ont pris les teintes
translucides de l'opale et hésitent entre des bleus,
des jaunes, des roses très doux »..., écrit avec un
enthousiasme sincère Mlle Legrand, professeur à l'École
primaire supérieure de Bar-le-Duc. Mais plus que les
paysages de la campagne algérienne, les spectacles urbains
ont |
retenu l'attention des visiteurs. Leur caractère est, en
effet, beaucoup plus frappant pour l' Européen et le dépayse
davantage.
Le port magnifique d'Alger suscite une admiration générale.
La ville française aux larges rues claires et propres plaît
aussi par contre le quartier de la Casbah, s'il séduit les
amateurs de pittoresque et fait rêver les amoureux des
choses du passé, révolte par la saleté bien |
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arabe de ses ruelles, par la puanteur de son marché,
les touristes délicats. Beaucoup, mais pas tous, sont sensibles à la
fraîcheur paisible des mosquées, à la délicatesse de leur
décoration. Remarque curieuse, la poétique douceur des cimetières
musulmans, celle surtout de cet adorable cimetière de la Princesse,
où assis sur une tombe, à l'ombre du figuier du bonheur, il fait si
bon rêver, n'a été appréciée que par quelques pèlerins. Par contre,
beaucoup ont décrit complaisamment l'organisation moderne du port et
n'ont pas négligé les statistiques concernant l'évolution de son
trafic ; c'est une manifestation de cette tendance vers la recherche
d'une documentation pédagogique que nous avons notée déjà et dont
nous dirons plus loin les résultats.
Oran, le grand port de l'ouest, a un type de ville trop espagnol
pour avoir été aussi généralement compris qu'Alger. La ville est
loin de présenter le même pittoresque, bien que les jardins qui
dominent le port au pied de la forteresse, soient de toute beauté.
Il faut noter que l'érudition de nos visiteurs a été souvent en
défaut : ils n'ont pas toujours justement mesuré l'importance de son
port, dont le trafic, en rapide progrès, dépasse celui d'Alger. Cela
n'a rien de surprenant, du reste. Beaucoup plus ramassé que celui
d'Alger, avec des docks entassés aux pieds du « cerro » de
Santa-Cruz, il n'a pas l'imposante beauté de celui d'Alger. Les
Oranais, hommes d'affaires uniquement préoccupés de leurs négoces,
se soucient beaucoup moins que les Algérois de faire admirer aux
étrangers les installations de leur port. C'est par la faute de
cette médiocre information que, sauf quelques exceptions, peu de
visiteurs ont deviné le rôle considérable que prend Oran, tête de la
ligne d'Oudja-Fez-Casablanca, comme port d'entrée des marchandises
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